Blaise
Compaoré est un manipulateur chevronné. Il en a usé à profusion pour bâtir et
maintenir son pouvoir. Mais c’est avant tout un bon militaire qui prend ses décisions
en fonction du rapport des forces. Quand il prend des risques, ce sont des
risques calculés. Tel un joueur de poker, il abat toujours ses cartes à la
dernière minute.
La
stratégie de Blaise Compaoré au lendemain de l’assassinat de Thomas Sankara avait
un objectif global de neutraliser et contrôler l'ensemble des forces supposées amies
et opposées pour se maintenir au pouvoir à long terme. Roublardise, intimidation,
assassinat, corruption, complot, mensonge, trahison ont fait très tôt partie de
la panoplie du dictateur débutant. Cette stratégie consistait à mettre en place
une coordination au plus haut niveau géré par des hommes de paille militaires
(Diendéré) et politiques (Salif Diallo).
On
pourrait simplifier en disant que la stratégie dans le domaine militaire vise à
remporter la guerre et la tactique à gagner la bataille. La tactique en cours de l’ex capitaine Blaise
Compaoré a pour objectif de faire en sorte que l’article 37 ne soit pas un
obstacle à une présidence après 2015.Le but de la manœuvre actuelle est de liquider
cet élément dangereux (l’article 37) favorable à l’ennemi (l’opposition).
Premièrement,
travailler à bien connaitre le terrain environnant l'ennemi (analphabétisme
et pauvreté des populations…). Ensuite passer à l’offensive avec l'ordre de
mise en œuvre suivant : appui, couverture, débordement.
·
Le
groupe d'appui a pour tâche la censure des media, les procès pour diffamation, les
interdictions de manifestations publiques, les discours pessimistes des
autorités coutumières et religieuses, la corruption de certains partis
politiques…. Le groupe d'appui fait face immédiatement à l'ennemi. Il s'agit
pour lui d'immobiliser ou de le distraire pendant les manœuvres des deux autres
groupes.
·
Le
deuxième groupe qui est la FEDAP/BC assure la couverture des deux autres par la
mobilisation sociale et l’occupation de l’espace médiatique. Il est chargé de réunir
les ressources humaines, financières et matérielles nécessaires et/ou d’empêcher
qu’elles soient utilisées par l’ennemi.
·
Le
troisième groupe qui est le CDP, profitant
de la couverture de la FEDAP/BC, contourne largement la position adverse en distribuant
des promesses, de l’argent, des vivres et des gadgets aux populations. Son rôle
consiste aussi à organiser les fraudes électorales.
Pour
combattre cette tactique, la meilleure manière est d’organiser des opérations de
sabotage.
Mais
Blaise Compaoré a aussi un plan B. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est bâti une
forteresse au milieu d’un camp militaire à Kosyam. Il a 2 000 soldats super
entrainés et super équipés pour le défendre. En bon militaire, il a même songé
à piéger son fauteuil au cas il ne pourrait plus tenir ses positions. Il fait
comme Bozizé pour que ça pète à la gueule de celui qui va le remplacer. Mais le
Burkina n’est pas la Centrafrique.
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