THESE
Le principe dans une démocratie
représentative telle que la nôtre, c’est qu’entre deux élections, le peuple
délègue ses pouvoirs à un groupe de personnes clairement identifiées et soigneusement
sélectionnées avec des rôles et des tâches bien précis (président, députés,
maires …) pendant un temps déterminé. Mais
attention, le peuple reste le patron, le propriétaire de tout. C’est parce que
le peuple est trop nombreux qu’il a décidé de désigner quelques-uns pour gérer
le bien commun.
Mais en règle générale, ce sont
des usurpateurs constitués en clans mafieux bien structurés qui accaparent le
pouvoir (comme au Gabon). Soit par la force soir par la ruse (comme au Burkina
Faso). Toujours avec mépris (comme au Togo).
Malgré tout, le peuple garde sa
légitimité reconnue ou pas par la « communauté internationale » même
quand il est asservi (comme pendant la période coloniale). Même quand il se
fait massacrer (comme en Afrique du Sud du temps de l’apartheid). Même quand il
est laissé à lui-même (comme en Lybie durant l’an de grâce 2014).
ANTITHESE
Des écrits fleurissent où il est
question de peuple (ou population dans cet entendement) qui ne respecte plus
rien. Incivique, irresponsable, inconscient … « Le peuple est incivique.
Sauf MOI. » Ou bien « une partie du peuple est incivique. Sauf NOUS qui faisons
ce constat d’incivisme. »
Dans quelle proportion ? Qui
est plus nombreux que qui ? Le NOUS représente qui ? C’est quoi une
partie du peuple ?
En vertu de quels sondages,
enquêtes comportementales ou études anthropologiques?
Et puis, en dehors d’être le
péché capital du peuple, c’est quoi l’incivisme? Depuis quand et pourquoi
le peuple est-il devenu incivique ?
Indignations stériles jamais
accompagnées de proposition et d’action. Ces indignations ne sont-elles pas en
réalité de simples jérémiades et pleurnichements. Autant d’aveux d’impuissance
face à un monde qui irait à vau-l’eau ?
Rien n’est moins sûr.
Supposons toutefois que tout ceci
est réel, que faire? Quoi faire ? Comment faire ?
SYNTHESE
Peut-on verbaliser le peuple? Si
oui, qui tiendra le haut-parleur ?
Peut-on rééduquer le peuple?
Maisons de redressement pour tout le monde?
Peut-on mettre le peuple au pas ?
Par un état d’urgence permanent?
Peut-on emprisonner le peuple?
Assignation à résidence pour tout le monde?
Peut-on chasser le peuple comme
on chasse un gouvernement corrompu et le remplacer par un plus vertueux?
Qui aura la charge de faire
appliquer les peines ?
Ceux qui accusent de façon
péremptoire le peuple sont pareils à ceux qui accusent la pierre sur laquelle
ils ont trébuché à Zogona d’être responsable de la défaite de leur équipe de
foot à Madrid.
Sauf à considérer que le peuple,
c’est cette grosse foule haineuse armée de cailloux s’attaquant à un
commissariat ? Cette multitude de gueux nauséabonds incendiant le véhicule
d’un chauffard ? Cette tribu d’agriculteurs à l’assaut d’un paisible
campement d’éleveurs ?
Non ? Ce n’est pas le
peuple ? Juste une association de malfaiteurs ? Des fauteurs de
troubles parfaitement identifiables? Vous êtes sûrs ?
Ouf, l’honneur du peuple est donc
sauf !
CONCLUSION
Comme vous pouvez le constater, la
difficulté principale est d’arriver à établir exactement ce que c’est que le
peuple. Certains ont initié des expériences en prenant des stades comme unité
de mesure. Ces expériences n’ont, semble-t-il, pas été concluantes.
Ces apprentis sorcier seraient-ils
prêts à user de cette autre technique controversée communément appelée
référendum ?
Une seule chose est sure, le
peuple reste le Patron, le Big Boss et est susceptible de reprendre « son »
fauteuil à tout moment.