mardi 19 août 2014

LE PEUPLE A TOUJOURS RAISON MEME QUAND IL A TORT



THESE 

Le principe dans une démocratie représentative telle que la nôtre, c’est qu’entre deux élections, le peuple délègue ses pouvoirs à un groupe de personnes clairement identifiées et soigneusement sélectionnées avec des rôles et des tâches bien précis (président, députés, maires …) pendant un temps déterminé.  Mais attention, le peuple reste le patron, le propriétaire de tout. C’est parce que le peuple est trop nombreux qu’il a décidé de désigner quelques-uns pour gérer le bien commun. 

Mais en règle générale, ce sont des usurpateurs constitués en clans mafieux bien structurés qui accaparent le pouvoir (comme au Gabon). Soit par la force soir par la ruse (comme au Burkina Faso). Toujours avec mépris (comme au Togo).

Malgré tout, le peuple garde sa légitimité reconnue ou pas par la « communauté internationale » même quand il est asservi (comme pendant la période coloniale). Même quand il se fait massacrer (comme en Afrique du Sud du temps de l’apartheid). Même quand il est laissé à lui-même (comme en Lybie durant l’an de grâce 2014).

ANTITHESE

Des écrits fleurissent où il est question de peuple (ou population dans cet entendement) qui ne respecte plus rien. Incivique, irresponsable, inconscient … « Le peuple est incivique. Sauf MOI. » Ou bien « une partie du peuple est incivique. Sauf NOUS qui faisons ce constat d’incivisme. »

Dans quelle proportion ? Qui est plus nombreux que qui ? Le NOUS représente qui ? C’est quoi une partie du peuple ?
En vertu de quels sondages, enquêtes comportementales ou études anthropologiques?
Et puis, en dehors d’être le péché capital du peuple,  c’est quoi l’incivisme? Depuis quand et pourquoi le peuple est-il devenu incivique ?

Indignations stériles jamais accompagnées de proposition et d’action. Ces indignations ne sont-elles pas en réalité de simples jérémiades et pleurnichements. Autant d’aveux d’impuissance face à un monde qui irait à  vau-l’eau ? Rien n’est moins sûr.
Supposons toutefois que tout ceci est réel, que faire? Quoi faire ? Comment faire ?

SYNTHESE

Peut-on verbaliser le peuple? Si oui, qui tiendra le haut-parleur ?
Peut-on rééduquer le peuple? Maisons de redressement pour tout le monde?
Peut-on mettre le peuple au pas ? Par un état d’urgence permanent?
Peut-on emprisonner le peuple? Assignation à résidence pour tout le monde?
Peut-on chasser le peuple comme on chasse un gouvernement corrompu et le remplacer par un plus vertueux?
Qui aura la charge de faire appliquer les peines ?

Ceux qui accusent de façon péremptoire le peuple sont pareils à ceux qui accusent la pierre sur laquelle ils ont trébuché à Zogona d’être responsable de la défaite de leur équipe de foot à Madrid.
Sauf à considérer que le peuple, c’est cette grosse foule haineuse armée de cailloux s’attaquant à un commissariat ? Cette multitude de gueux nauséabonds incendiant le véhicule d’un chauffard ? Cette tribu d’agriculteurs à l’assaut d’un paisible campement d’éleveurs ?
Non ? Ce n’est pas le peuple ? Juste une association de malfaiteurs ? Des fauteurs de troubles parfaitement identifiables? Vous êtes sûrs ?
Ouf, l’honneur du peuple est donc sauf !

CONCLUSION

Comme vous pouvez le constater, la difficulté principale est d’arriver à établir exactement ce que c’est que le peuple. Certains ont initié des expériences en prenant des stades comme unité de mesure. Ces expériences n’ont, semble-t-il, pas été concluantes.
Ces apprentis sorcier seraient-ils prêts à user de cette autre technique controversée communément appelée référendum ?
Une seule chose est sure, le peuple reste le Patron, le Big Boss et est susceptible de reprendre « son » fauteuil à tout moment.

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