Plusieurs voix s’élèvent pour accuser le Balai Citoyen d’avoir tissé une alliance avec le Lieutenant-Colonel Zida pour confisquer la victoire historique du peuple sur le régime Compaoré. Les voix les plus virulentes proviennent d’organisations ou de groupes de personnes qui n’ont pas une réelle capacité d’organisation et de mobilisation sur le terrain. Ces entités n’ont par ailleurs jamais appelé ouvertement à manifester contre le projet de pouvoir à vie du président Compaoré. On comprend alors mal pourquoi ces gens cherchent à nuire tant à l’image du Balai Citoyen.
Si vous voulez bien, je m’en vais vous faire le récit plus ou moins fidèle de 24h de péripéties qui ont fait basculer le pouvoir de la quatrième république aux mains d’un lieutenant-colonel pratiquement inconnu jusque-là:
Après l’assaut décisif des populations de Ouagadougou contre l’Assemblée Nationale le 30 octobre 2014 pour empêcher le vote des députés, plusieurs morts ont été enregistrés ainsi qu’une centaine de blessés graves et des destructions à grande échelle d’édifices public et privés. Une foule hyper motivée avait même essayé de prendre le palais présidentiel. Elle a été tenue en respect par les armes du régiment présidentiel de sécurité avec semble-t-il plusieurs personnes touchées par balle.
Le président Compaoré, principal commanditaire des troubles ne pouvait plus rester au pouvoir. Il fallait que très rapidement l’armée prenne ses responsabilités et le destitue. Le chef d’Etat-major Honoré Nabéré Traoré a refusé de renier son allégeance au chef de l’Etat. Il s’est juste contenté de lire une déclaration téléguidée depuis Kosyam. Le général Lougué, lui non plus, n’a pas eu le cran de s’auto-saisir malgré les appels désespérés venant de la rue.
Le lendemain 31 octobre 2014, les populations sont redescendues dans la rue pour exiger la démission inconditionnelle et sans délai du président. Elles se sont massées devant le siège de l’Etat-major pour réclamer que l’armée régulière fasse son travail de neutralisation de l’ex chef de l’Etat et de sécurisation des biens et des personnes car le risque de chaos n’était pas négligeable.
Face à une situation explosive où des dizaines de milliers de personnes ruaient sur les soldats devant l’entrée et avec la crainte de débordements prévisibles, un groupe de personnes, volontairement se sont proposées de rencontrer les officiers de l’Etat-major confinés à l’intérieur. C’est ainsi que Me Kam Hervé et Smockey du Balai Citoyen, le Pr. Ibriga du Focal, Ouattara Hervé du Collectif Anti Référendum et le Pr Loada du CGD se sont retrouvés en face des militaires pour leur expliquer l’urgence de prendre des mesures vigoureuse en vue de la satisfaction des demandes du peuple. Après une concertation interne, les militaires ont répondu favorablement et désigné en leur sein le Lieutenant-Colonel Yacouba Isaac Zida en vue de s’adresser à la foule et la rassurer. Il était pratiquement 11H lorsque monté sur un char posté devant l’état-major en compagnie des représentants de la société civile, celui-ci confirma que l’armée allait prendre ses responsabilités. Cette position sera réitérée plus tard à la Place de la révolution devant les dizaines de milliers de personnes sorties manifester.
Voilà, le balai citoyen et les autres structures de la société civile n’ont fait que servir de facilitateurs pour que la situation se décante. Pour ce qui est de la désignation du Colonel major Zida pour conduire le processus de transition, cela s’est décidé au sein du corps militaire. D’ailleurs le 1er novembre, dans une déclaration lue par le Général de brigade, Zagré Pingreneoma chef d'Etat major général adjoint et signé par le Chef d'Etat-major général des armées Naberé Honoré Traoré, les forces armées nationales ont informé l'opinion nationale et internationale que le Lieutenant-colonel Zida a été retenu à l'unanimité pour conduire la période de transition ouverte.
Le Balai Citoyen a même incité le CFOP à faire une déclaration lue par Zephirin Diabré devant l’Etat-major et ensuite à la Place de la Révolution. Cela semblait nécessaire vu le silence assourdissant qu’observait les opposants politiques qui semblent-ils avaient même décliné une première invitation des militaires.
Ce qu'il s’est passé le 30 et le 31 octobre n’était pas un coup d’État, c’était un soulèvement populaire équivalent à celui de janvier 1966.
le Lieutenant-colonel Zida, l’homme chargé d’assurer la transition aurait deja eu des entretiens avec le président sénégalais Macki sall, le président malien IBK et le président de l’Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire Soro Guillaume.
Il ne me revient pas d’appeler à le soutenir pour la difficile période de transition qui s’annonce. Il m’appartient juste de signaler que Blaise Compaoré Out, il nous fallait bien quelqu’un pour coordonner le processus de transfert de pouvoir au civil qui sera élu démocratiquement dans un délai raisonnablement court que nous allons définir ensemble.
Cette publication est le fruit de mes observations et analyses personnelles et ne reflète pas la position officielle du Mouvement le Balai Citoyen. Toutefois une chose est sure, le Balai Citoyen ne participera pas à la gestion exécutive du pouvoir de transition. Soyez rassurés.
1 novembre, 16:11
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