Une certaine omerta relative aux critiques des actions et
des choix des autorités de la transition se met en place insidieusement. Il
semble dorénavant indécent d’émettre la moindre réserve ou le moindre doute au
risque de passer pour un saboteur. Même s’il y a ceux, comme Soumane Touré, qui
tirent à boulet rouge sans discernement sur la transition qu’ils considèrent
comme illégitime.
On peut comprendre le président de la Transition, Michel
Kafando, qui adopte un ton offensif dans son adresse à la Nation à l’occasion
du nouvel an: « Il n’y aura pas de place pour les contestations
injustifiées, parce qu’on se dit que c’est dans l’air du temps ; pour ceux qui
s’agitent à tort et à travers, croyant intimider le gouvernement». N’est-ce pas
lui « l’homme fort » dans l’air du temps ?
On peut comprendre Ablassé OUEDRAOGO, le 30 décembre
2014, invité au journal de 20 heures de la RTB, qui soutient qu’il faut arrêter
les manifestations et les contestations à tout bout de champs. Qu’il faut laisser
le Gouvernement travailler et se consacrer aux priorités. Mais quand on se
rappelle que le 24 novembre 2014, il faisait partie des premiers à demander à
Adama SAGNON « de rendre service au gouvernement en démissionnant », on conclue
simplement que cet homme n’a pas de la
suite dans les idées.
On peut comprendre Etienne Traoré qui embouche presque la même trompette: « Évitons de rendre notre pays ingouvernable … Je crains fort que des compatriotes croyant n’exister que par une contestation radicale et de rue, ne finissent par déstabiliser des ministères auxquels nous demandons tant de résultats en si peu de temps. Alors, entre compagnons de lutte, soyons plus constructifs dans nos critiques. » Étienne, c’est Étienne quoi !
On peut comprendre les partis politiques, de l’ex opposition,
donner des consignes implicites à leurs militants pour effet de se mettre à
l’écart des protestations. Personne ne veut être dans le viseur du gouvernement
de transition qui est capable à tout moment de sortir des dossiers sales pour
clouer le bec aux plus imprudents et compliquer leurs tâches pour les
prochaines élections.
On comprend Nathalie SOME, la présidente du Conseil supérieur de
la Communication, très objectivement qui exhorte les médias à maintenir le cap
du professionnalisme pour contribuer à une transition démocratique apaisée.
En effet, de manière irresponsable et
cavalière, des représentants d’organisations de la société civile réunis sous le label Bloc 21 ont animé le samedi 3 janvier 2014 une
conférence de presse pour réclamer que l’on mette fin aux manifestations de
contestation dans le pays. Ces forces de l’ordre d’un nouveau type ont lancé un
message aux syndicats, associations et aux partis politiques pour qu’ils se
conforment au respect des lois et des règlementations dans le cadre de leurs
manifestations. Ils ont menacé : « Nous ne pouvons pas accepter
la tentative de « ruecratie » dans notre pays.» Ils sont tellement
zélés et prêts à en découdre qu’ils ont lancé un appel au gouvernement de
transition et décidé de transmettre un message au Premier ministre pour qu’il
prenne « TOUTES LES MESURES POUR IMPOSER LA LOI » (cette
« fatwa » rappelle étrangement la fameuse réquisition complémentaire
signée par Luc Adolphe Tiao le 29 octobre 2014).
Ce qui est
étrange, c’est que ces gens qui ne savent pas « si les accusations à
l’encontre de Dieguimdé sont fondées », savent par contre que la multiplication des manifestations de
contestation serait l’œuvre des acteurs du pouvoir Compaoré : « Il
nous est parvenu à plusieurs reprises que les barons du régime déchu
financeraient et manipuleraient les différentes manifestants dans l’optique de
déstabiliser la transition démocratique en cours. »
Ils affirment détenir les preuves d’une collaboration
entre certaines organisations de la société civile et des barons de l’ex-régime
et menacent toujours de faire un grand déballage si « les tentatives de
déstabilisation de la transition démocratique en cours » continuent. Les
services de la sureté de l’État sont ainsi prévenus, ils savent à qui demander des
preuves de la future déstabilisation du pays.
Le Bloc 21 veut-il dire par exemple que le Balai Citoyen
et les syndicats du ministère de la Culture, du ministère des Infrastructures
et du Transports et de la CAMEG sont manipulés?
Pourtant sur les dizaines et les dizaines de nominations
de ministres, gouverneurs, haut-commissaire, secrétaires généraux, directeur généraux,
conseillers techniques…, IL N’Y GUÈRE QUE TROIS PERSONNALITÉS QUI ONT ETE CONTESTÉES. Adama SAGNON en tant que ministre de la culture et Mahamoudou
COMPAORE en tant que Directeur de la CAMEG ont fini par être remplacés. Il ne
reste plus que Dieguimdé.
Alors, où est le plan machiavélique visant à empêcher les
autorités de la transition de
travailler ? Il faut arrêter d’être paranoïaque ! Ce qui ressemble à
du désordre n’est rien d’autre que les manifestations légitimes d’un peuple
épris de justice, d’équité et qui a soif d’un véritable changement dans le
respect mutuel. Même sous Blaise Compaoré, le
ministre Jérôme Bougouma avait démissionné. Même sous Blaise Compaoré les manifestations du CFOP étaient
autorisées.
- Comble de l’ironie, avec cette sortie malheureuse du Bloc 21, c’est finalement le Balai Citoyen qui était accusé d’avoir installé les militaires au pouvoir qui se voit blanchi. Ainsi donc le Balai Citoyen ne travaille pas pour Zida ? Merci d’avoir aidé à le démontrer.
- Comble du mélange des genres, des députés de la transition qui menacent et s’érigent en défenseurs de l’exécutif ! La séparation des pouvoirs n’existe-t-elle plus ?
- Comble de la foutaise, des députés de la transition incapable de dire à combien ils sont payés ?
Je
conseille à mes anciens camarades de lutte d’aller aider à désarmer le Régiment
de Sécurité Présidentiel (par tous les moyens), ils se rendront plus utile que
de chercher vainement des boucs émissaires à leurs propres turpitudes. Je
voudrais également leur suggérer l’écoute en boucle d’une chanson d’un des
leurs, un artiste qui siège comme eux au CNT : « Mange et
Tais-toi ».
Merci Soul !
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