mercredi 28 janvier 2015

MENACES SUR LA TRANSITION


LE CDP

Les gars du CDP racontaient il y a à peine trois mois que «s’il n’y a pas de référendum, il n’y aura pas de présidentielle en 2015». Alpha Yago affirmait particulièrement : «le référendum est devenu un impératif … Si le référendum est bloqué, il n’y aura pas de présidentielle … Blaise Compaoré restera ainsi indéfiniment au pouvoir et c’est ce que nous souhaitons». Paroles d’un preneur d’otages.

Aujourd’hui, tous ces gens se débattent dans les humiliants courants du revers politique et s’accrochent désespérément au mirage d’un retour aux affaires. Mais en entendant, la vie de pacha est terminée, celle de paria a un goût amer. Finis les honneurs et les privilèges. Ils rasent les murs depuis que les mamelles de l’État providence leur ont été arrachées de la bouche. Mais leur rancœur est tenace. Leur amour propre est plus fort que le devoir d’humilité qui devrait s’imposer à eux. Ces gens qui ont nargué le peuple jusqu’à la fin peuvent-ils faire preuve de rédemption ? Les séquelles psychologiques de 27 ans d’arrogance et de mépris restent toujours visibles dans leurs comportements. Parce que les gars du CDP et alliés sont dans le déni total de leurs fautes et responsabilités vis-à-vis du « malheur » qui s’est abattu sur eux, ils deviennent dangereux et inconséquents. Dans ces conditions, notre sécurité n’est  pas tout à fait garantie face à d’éventuels actes désespérés visant à laver « l’affront ». Blaise Compaoré n’est pas fair play, c’est un homme rancunier. Il tient pour vérité que la vengeance est un plat qui se mange froid.

Laurent Bado se demandait récemment  « pourquoi la transition n'a pas suspendu les activités partisanes, le temps de voir clair! Voilà que certains battent déjà campagne avec les moyens, les manières et les appuis de coutumiers, exactement comme sous le régime de la corruption institutionnalisée qu'ils ont servi, adoré, défendu jusqu'à ce qu'on les chasse ». http://lepays.bf/laurent-bado-propos-de-linsurrection-populaire-le-pire-nest-pas-derriere-nous-mais-devant-nous/

Qui croit un seul instant que ces gens-là vont rester tranquillement assis et accepter la nouvelle donne ? Leurs sources de revenus ont certes tari mais leur patrimoine, fruit de la corruption et du pillage institutionnel, accumulé pendant de longues années reste intact. Leur objectif immédiat est de s’organiser avec les mêmes méthodes d’antan pour reconquérir le pouvoir. Ils sont passés maitres dans l’art d’arroser les foules avec de l’argent, du riz et de la quincaillerie. Ils savent que la grande masse de la population est pauvre et vulnérable aux fausses promesses, c’est pourquoi ils voudront continuer à jouer aux illusionnistes et à fabriquer des réalités virtuelles. C’est pour cela qu’ils ne pouvaient pas comprendre que des milliers de jeunes puissent se mobiliser sans être motivés financièrement, affronter les forces de l’ordre les mains nues et risquer leur vie pour selon eux, « aller mourir cadeau », « pour rien ».

Laurent Bado a ajouté : « Pour les jeunes qui ont bravé les balles les 30 et 31 octobre derniers, il n'y avait plus d'avenir si Blaise se maintenait au pouvoir. Pour eux donc, il valait mieux mourir tout de suite que de mourir à petit feu.» … « J’espère que nos jeunes ne sont pas morts pour rien, ou plutôt pour faire venir d’autres rapaces à la table du Faso. »

Lorsqu’on entend Salia Sanou souhaiter le retour de Blaise Compaoré et avouer être en contact avec le président refugié en Côte d’Ivoire ; ou bien, lorsqu’on entend Léonce Koné réclamer des dédommagements pour les préjudices subis par ces camarades de parti, on est triste. Triste de constater que ces gens n’ont aucune espèce de considération pour toutes les personnes mortes par leur faute.

On est consterné de constater que Djibril Bassolé nourrit des ambitions présidentielles et se permet en tant qu’officier de l’armée burkinabè d’aller rendre visite à un président fugitif exfiltré par les forces spéciales de l’armée française, la même qui a fait feu sur des soldats burkinabè en territoire burkinabè comme l’a affirmé le président Hollande.

LE RSP

On s’enfonce dans la déception quand on découvre qu’un autre officier de l’armée après avoir escorté l’assassin de Sankara jusqu’au Maroc revient gaillardement exiger un poste de commandement au sein du régiment de sécurité présidentiel. Pourquoi le RSP se permet-il de prendre le président, le premier ministre et tout le gouvernement de transition en otage au cours du conseil de ministre le 30 décembre? De quel droit le RSP demande-t-il la démission du premier ministre ? Mais bon Dieu, ces gens du RSP savent-ils qu’il existe un peuple qui paye leur solde, leurs tenues, leur nourriture … ? Apparemment pour ces gens, le prix de la liberté n’a pas été suffisamment payé. Et pourtant le sang a coulé abondamment le 30 octobre 2014.

J’ai lu à ce sujet l’article de Newton Ahmed Barry (NAB) où il n’est pas tendre du tout avec Zida malgré le fait qu’il affirme que « le premier ministre qui a su se défaire de la tutelle de Diéndéré et de Blaise … se trouve seul face au RSP ». Il y relève « l’incurie de la classe politique qui semble s’être débarrassée des questions vitales entre les mains de Zida » et avertit la classe politique  qui «  a intérêt à prendre les événements du 30 décembre comme un sérieux coup de semonce. » http://www.evenement-bf.net/spip.php?article1079
NAB aurait aussi pu suggérer que le peuple « cabri mort » pourrait tout aussi bien finir le job suspendu le 31 octobre 2014.

De la même manière que Blaise Compaoré a manipulé le peuple, des officiers au niveau du RSP manipulent les soldats. Cette phrase dans l’article de NAB explique tout : « ce qui fait la force des armées, la hiérarchie et la discipline ». Alors, soit les officiers du RSP ont tenté d’humilier le gouvernement de transition. Soit, ils sont incompétents et ne savent simplement pas tenir leurs troupes. Dans les deux cas, ils sont nuisibles à la république. « Le RSP n’est pas constitué sur des bases ethniques, régionalistes et de partisans ou parents du président. Toutes les couches ethniques du pays se retrouvent dans le régiment » a écrit NAB. Le débat est clos parce que si le RSP représente le peuple et refuse d’obéir à un gouvernement légitimé par ce même peuple, c’est qu’il y a forcément des intérêts partisans en jeu. Nous ne sommes pas loin de la prise d’otage.

Pour finir, à la question de savoir quel regard il porte  sur le tandem Kafando-Zida ? Bado Laurent a répondu : « Je suis très loin de l'Olympe où résident nos principaux décideurs ! J'ai seulement confiance en eux, surtout qu'ils sont les premiers à savoir que l'échec n'est pas permis.» … « L'action de la transition sans manifestations extérieures est une âme sans corps. Il ne faut pas que le peuple doute à un moment donné de la VOLONTÉ RÉELLE DE CHANGEMENT. »

NOUS LE PEUPLE, OTAGE ?
NON, CELA NE DOIT PLUS JAMAIS ARRIVER !

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