mardi 19 janvier 2016
JE DOIS CHANGER (1)
Ils ont réussi à me convaincre que mon pays est tellement pauvre qu'il n'est pas envisageable de vivre sans l'aide extérieur. Ce qui fait que si on arrive à survivre plus ou moins c'est grâce au Fonds Mondial, banque mondiale, FMI, Qatar Charity ... Comme si le Burkinabè était une charge pour l'humanité.
Malgré cela, je n'ai pas intérêt à tomber sérieusement malade parce que je risque soit de trépasser dans un couloir d'hôpital soit de m'en sortir complètement ruiné par les frais médicaux.
Malheureusement je n'ai pas réussi à éviter à mes enfants l'école publique sous paillote au milieu du quartier non loti avec des enseignants démotivés.
On ne peut pas dire que je suis un misérable mais quelques fois quand c'est dur, je vais m'aligner pour prendre les vivres du CONAGES.
Je mène ma petite vie loin des problèmes, je ne suis pas sorti le jour de l'insurrection (sauf pour aller ramasser un sac de riz), je suis resté chez moi durant le coup d’État du RSP, je n'ai pas voté le 29 novembre.
Les jours fastes, je ne peux m'empêcher d'aller m'asseoir au maquis savourer une bière, la musique à fond malgré le deuil national et le couvre feu qui me surprend toujours avant que je ne conclue avec la serveuse.
La vie est trop dure, l'argent est rare alors il faut le chercher en permanence et je suis pressé; Alors pas de temps à perdre à s'arrêter au feu rouge. Et là, téléphone au guidon de ma moto sans plaque qui fume, je n'ai plus peur, je me sens libre, fort, rapide, puissant. Gare au policier qui va me siffler.
Le 31 décembre à minuit, j'ai fait sauter des pétards juste pour me défouler. Histoire de bien commencer l'année. Quel mal y a-t-il à cela? C'est pas l'argent de quelqu'un.
Mais depuis que trois gamins pseudo djihadistes ont attaqué une avenue de Ouagadougou causant mort et désolation, je suis de plus en plus inquiet.
Je suis préoccupé parce que les perspectives économiques sont mauvaises. C'est en tout cas, ce qu'on ne cesse de raconter à la radio : les investisseurs étrangers risquent de plier bagage et les projets vont fermer, les mines vont licencier alors que je voulais justement déposer un dossier là bas.
Je m'inquiète, j'ai encore plus peur du lendemain. Déjà qu'avant je n'étais pas tranquille à cause de l'insécurité ambiante. J'avais peur de me faire braquer en rentrant tard chez moi, peur de voyager à cause des coupeurs de route, peur des cambrioleurs la nuit venue ...
Alors je prie pour ne pas me retrouver au mauvais moment au mauvais endroit et de prendre une balle perdue, je prie pour que les gangsters visitent la maison de mon voisin plutôt que la mienne ...
Ce n'est pas simple de vivre dans cette insécurité sociale permanente, cette peur de manquer à tout moment d'argent, de nourriture, de carburant ...
Mais les choses changent, le président a changé, le gouvernement a changé.
Ma vie va-t-elle changer? en mieux, en pire?
D'ailleurs les choses peuvent-elles être pire?
(A suivre ...)
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