Regardez vivre les gens; Observez leurs comportements et vous vous rendrez compte que chacun à l'air de se chercher et pour cela, sans doute les verrez vous agir de façon bizarre. Vous pourriez les trouver hypocrites, égoïstes, méchants, inconscients, orgueilleux.
Les gens ont honte de la vie qu'ils mènent, honte de leur famille, honte de leur travail. Les gens ont honte d'être démunis matériellement ou du moins d'être confrontés à plus nanti qu'eux. Ils refusent de regarder leur réalité en face. Ils ne veulent pas être différents de la masse envieuse, jalouse et cupide, prête à vendre son âme au diable pour garder sa place dans la grande marche. Vers quoi? Les illusions de la réussite sociale qui les éloigneraient des humiliations et de la marginalisation.
Par exemple "les koglweogo sont la solution pour résoudre le problème d'insécurité parce que dans les zones où ils sont actifs, les populations vivent désormais dans la quiétude" est une idée fausse mais claire et précise.
Par contre "l'annulation des mandats d'arrêt par la cour de cassation est une opération politicienne montée par le nouveau régime" est une idée vraie mais complexe.
Et lorsqu'il y a de vraies questions, immédiatement fleurissent les faux débats de sorte à créer des amalgames, de la confusion, du désordre, pour ne pas dire un chaos contrôlé.
Diviser pour régner puis regrouper pour mieux contrôler est le nec-plus-ultra de la gouvernance par la ruse.
La justice est pourrie?
Qui l'a pourri? parce que quand il y a corrompu, il y a forcement corrupteur.
Les juges sont des affairiste?
Avec qui font-ils les affaires? Où sont les corrupteurs?
Cela rappelle une question du journaliste Pascal Yemboani Thiombiano à Emile Paré au sujet des 30 millions (sur 45 millions promis) remis en 2005 à l'OBU par le président Blaise Compaoré via un de ses fidèles lieutenant. Le chat noir du Nayala lui a rétorqué simplement que s'il a reçu de l'argent du président, cela voudrait-il dire que le président est un corrupteur? Vous vous imaginez bien que la question est restée sans réponse.
«Les ruses et les machinations ténébreuses ont été imaginées par les hommes pour venir en aide à leur lâcheté», Euripide, Fragments.
Le fait est qu'en sourdine, la grogne sociale est perceptible. Le sentiment d'insatisfaction se généralise et les réponses apportées sont infructueuses. Alors il faut donner un os à ronger en attendant une embellie. Alors on va de diversions en diversions.
Il faut également se prémunir contre une justice trop intrépide qui pourrait sortir les cadavres des placards et faire résonner les casseroles de ceux qui les trainent. La stratégie est simple : échapper à la justice pour ce qu'on a fait hier, ne pas être inquiété par la justice pour ce qu'on fera demain, conserver biens et privilèges.
Alors il est de bon ton de remettre en question l'indépendance de la justice. Reprendre la main, être à l'initiative en proposant des mesures constitutionnelles en vue d'encadrer (contrôler) au mieux des juges "budgétivores", "incompétents" et "corrompus". A qui va profiter la manœuvre? à l'exécutif qui soit dit en passant serait composée de cadres "désintéressés", "compétents" et "intègres".
Les maires sont des dealers de parcelles? On va faire en sorte de limiter leurs pouvoirs relativement à la gestion de parcelles : Et ça applaudit. A qui va profiter la manœuvre? à l'exécutif qui soit dit en passant serait composée de cadres "désintéressés", "compétents" et "intègres".
Chez les Gourmantché, la géomancie, technique divinatoire fondée sur l’observation des figures formées par de la terre ou des cailloux jetés au hasard sur une surface plane est très pratiquée. La géomancie a été ainsi utilisée pour prévoir et annoncer la victoire de Blaise Compaoré aux élections présidentielles en 2010. Par contre rien n'a été rapporté concernant l'insurrection populaire de 2014.
Qu'à cela ne tienne, on n'a pas besoin de dons de divination pour prévoir que ceux qui aujourd'hui sont en train de ruser et qui ont en projet de ressusciter le système de domination globale se sont engagés dans une voie sans issue.
"Les peuples comme les hommes finissent toujours par payer leurs compromissions politiques : avec des larmes parfois, du sang souvent, mais toujours dans la douleur... la règle ne souffre pas d'exception." Extrait de "Norbert ZONGO, le sens d'un combat", in L'Indépendant, "Edito N° 00 du 03 Juin 1993
"Ce que je vous demande, c'est d'ouvrir votre esprit, non de croire." Jiddu Krishnamurti
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