Sur certains points, le parcours de Blaise Compaoré ressemble à celui de son prédécesseur Maurice Yameogo:
• Élimination par tous les moyens des adversaires politiques
• Gestion familiale des affaires de l’État
• Allergie à la moindre contestation
• Dépenses somptuaires
• Mariage avec une métisse ivoirienne
• Fin de règne similaire ?
Lisez plutôt :
Maurice Yaméogo né en 1921 et decedé en 1993 a été le premier président
de la République de Haute-Volta en 1959. A la mort de Ouezzin Coulibaly
et après la proclamation de la République, Yaméogo élimine toute
opposition et impose le parti unique. La Haute-Volta se trouve avant
même l'indépendance sous le joug de la dictature.
le 13
janvier 1963, Maurice Yaméogo céde à la paranoïa après le coup d’État au
Togo dans lequel le président Sylvanus Olympio est assassiné. Il fait
arrêter Joseph Ouédraogo, Pierre-Claver Tiendrébéogo et Frédéric Guirma
ambassadeur à l’ONU. Ensuite, il s’en prend à son cousin Denis Yaméogo,
ministre de l’Intérieur. Ce dernier est emprisonné puis réintégré en
1965. Chaque année de nombreux remaniements ministériels improvisés sont
effectués et le président de la République annonce à la radio, la
nomination ou la révocation de ministres.
Maurice Yaméogo
candidat unique à l’élection présidentielle du 3 octobre 1965, est «
triomphalement » réélu par 99,97 % des voix.
En juin 1965,
après que Sékou Touré a traité Félix Houphouët-Boigny le dirigeant
ivoirien de valet de l’impérialisme français, Maurice Yaméogo l’insulte
pendant près d’une heure à la radio:
« Qui est donc ce Sékou,
alias Touré, qui désire tant qu’on parle de lui ? Un homme orgueilleux,
menteur, jaloux, envieux, cruel, hypocrite, ingrat, intellectuellement
malhonnête...Tu n’es qu’un bâtard parmi les bâtards qui peuplent le
monde. Voilà ce que tu es, Sékou, un bâtard des bâtards »
Maurice Yameogo est le premier chef d’État africain accueilli à la
Maison-Blanche par le président Lyndon Baines Johnson. Il rentre des
États-Unis avec trois milliards de francs CFA : un pour lui, les deux
autres pour les présidents ivoirien et nigérien Félix Houphouët-Boigny
et Hamani Diori. Il place son milliard sur un compte privé en Suisse.
Ces fonds lui permettent de financer la campagne législative du 7
novembre 1965.
La même année, Yameogo fait emprisonner son
épouse Félicité, divorce, et se remarie le 17 octobre en grande pompe
avec la métisse « Miss Côte d’Ivoire » Nathalie Monaco, assisté pour
l’occasion des présidents ivoirien Félix Houphouët-Boigny et nigérien
Hamani Diori. Les noces se déroulent avec faste dans les Caraïbes et au
Brésil.
Le régime de Yaméogo jouissait au départ, du soutien
de l’Église voltaïque. En 1964, l’État a supprimé les subventions en
faveur de l’école privée catholique. Le cardinal Paul Zoungrana met
alors tout son pouvoir moral pour discréditer Maurice Yaméogo qui s’est
mis à dos aussi les musulmans après les avoir traité à la radio de
charlatans et de marabouts.
Maurice Yaméogo a pris tout au long
de sa présidence des mesures à l’encontre de la chefferie
traditionnelle : interdiction du port de tout insigne rappelant les
chefferies coutumières, suppression des salaires des chefs.
Le
1er janvier 1966, à l’annonce des grandes manifestations de
protestations, le chef de l'État demande aux autorités religieuses
d’intervenir. Celles-ci s'y refusent et avec la chefferie
traditionnelle, elles apportent leur soutien au mouvement.
Dans
la nuit du 2 au 3 janvier 1966, les évènements se précipitent. Maurice
Yaméogo ordonne l’installation de plusieurs automitrailleuses aux
alentours du palais. Au matin débute la manifestation avec les
collégiennes du cours Normal suivies par les élèves du lycée Philippe
Zinda Kaboré et rejoints par plus de 100 000 ouagalais. La manifestation
n’est pas violente. La foule appelle désormais à la démission du
président de la République retranché dans le camp Guillaume Ouédraogo.
Après plusieurs heures de négociations, Maurice Yaméogo annonce par
radio sa décision de remettre le pouvoir au lieutenant-colonel Sangoulé
Lamizana :
« Contrairement à ce que l’on peut croire, je suis
le premier réjoui - et mes ministres après moi - de la manière la plus
pacifique dont les choses se sont résolues. Si depuis plus de quatre
jours, notre capitale d’habitude si pacifique a connu un tel
échauffement et que heureusement rien ne se soit produit sur le plan de
la perte de vies humaines, c’est parce que là encore, bien que possédant
les attributs du pouvoir, nous n’avons pas voulu user de quoi que ce
soit pour qu'un jour, on puisse dire que la Haute-Volta a perdu l’une de
ses grandes vertus qui est le respect de soi-même, l’amour entre ses
frères. Et c’est pour quoi je suis heureux que le chef d’état-major
général, entouré de tous ses officiers, ait pu, en parfaite harmonie
avec moi-même, pour que l’histoire de notre pays puisse continuer à
aller de l’avant, réaliser de façon si pacifique ce que j’appellerais ce
transfert de compétences. L’équipe qui s’en va n’éprouve aucune rancœur
croyez-moi bien. »
Selon Frédéric Guirma, Maurice Yaméogo
aurait ordonné au chef des Forces armées de tirer sur la foule. Lamizana
aurait répliqué que jamais une armée ne tire sur son peuple, qu’un tel
ordre devait être signifié par écrit.
Il est placé le 6
janvier en résidence surveillée à Ouagadougou. Cette détention, Maurice
Yaméogo la vit très mal au point de tenter de mettre fin à ses jours en
décembre 1966. En janvier 1968, Yaméogo fait une seconde tentative de
suicide. Son épouse Nathalie Monaco le quitte. Le 5 août 1970, il est
libéré.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Yaméogo
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