lundi 30 mars 2015

NOTRE INSURRECTION N’EST PAS LÉGITIME

« Le pacte national pour le renouveau de la justice » a été adopté le 28 mars 2015 par les participants aux états généraux de la justice et signé par le Président du Faso Michel KAFANDO, le Premier Ministre Yacouba Isaac ZIDA, le Premier Président de la Cour de Cassation Thérèse TRAORE et le Président du conseil National de la Transition Moumina Chériff SY.
Parmi ses 114 articles, un article attire particulièrement mon attention :
Article 37 : des poursuites doivent être engagées à l’encontre des AUTEURS DES CRIMES ET DÉLITS commis à l’occasion de l’INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014.
Il y a au moins 6 catégories ou groupes de personnes concernés à mon sens par cet article:
1. Ceux qui ont donné des consignes aux manifestants à l’effet de prendre l’assemblée nationale d’assaut et qui ont conduit aux affrontements avec les forces de l’ordre. Cas du Balai Citoyen.
2. Ceux qui ont incendié les édifices publics et privés et qui se sont adonné aux pillages avec en prime des violations de domicile, menaces et intimidations. On peut citer notamment l’incendie de l’assemblée nationale, du siège du CDP et de la maison de François Compaoré à Ouagadougou, la mise à sac du palais de justice de Bobo-Dioulasso et l’incendie du domicile de Gilbert Noel Ouédraogo à Ouahigouya où était enfermée au moins une personne. Cas de centaines de personnes exhibant fièrement leur butin sur internet et qu’il ne sera pas difficile de retrouver.
3. Ceux qui ont encouragé les manifestants ou tenté d’endosser la paternité de l’insurrection. Cas de Benewendé Sankara et de Emile Paré.
4. Ceux qui ont donné les ordres écrits ou verbaux pour réprimer les manifestations dans le sang. Cas de Luc Adolphe Tiao.
5. Ceux qui ont tiré sur des manifestants désarmés occasionnant des centaines de blessés et des dizaines de morts. Cas du RSP.
6. Ceux qui ont violé l’intégrité du territoire burkinabè en envoyant des soldats étrangers pour exfiltrer le président déchu Blaise Compaoré. Ces mêmes ont fait feu sur des soldats burkinabè. Cas de la France.
• Cet article 37 tombe comme un cheveu dans la soupe du pacte (que je considère par ailleurs comme une excellente feuille de route pour la justice) tellement j’ai l’impression qu’on l’y a inséré au forceps au milieu d’articles avec lesquels il n’a aucune proximité.
• Cet article renvoie toutes les parties dos à dos. Initiateurs du vote à l’assemblée et opposants à la modification de l’article 37.
• Un tel article ne saurait exister sans un autre qui consacrerait des poursuites contre les auteurs du projet de coup d’État constitutionnel qui consistait à modifier le « vrai » article 37.
Pour ceux qui penseraient que je divague, j’aimerais que l’on m’explique en quoi l’insurrection fut légitime puisque jusqu’à présent ceux qui sont supposés être à la base du projet de modification de l’article 37 ne sont point inquiétés par la justice. Selon toute vraisemblance et jusqu’à preuve du contraire, les autorités actuelles de la transition serait un groupe de putschistes ayant interrompu l’ordre constitutionnel et contraint par la force un président légitiment élu à démissionner. Ils se seraient taillé une charte sur mesure et se sont partagé les postes.
Vous comprenez maintenant pourquoi on ne peut pas suspendre le CDP et l’ADF/RDA ? Vous comprenez maintenant pourquoi on ne peut pas juger Assimi Kouanda par exemple ? Non, ce n’est pas une affaire d’inclusion. C’est juste parce que nous ne pouvons rien lui reprocher que lui ne pourrait nous reprocher en retour : des gens ont brûlé sa maison, il a perdu son travail au gouvernement, il a été détenu illégalement au camp Paspanga pendant plusieurs jours, ses comptes bancaires ont été bloqués temporairement et certains sont allé le harceler jusque dans sa mosquée.
C’est lui la victime. Et c’est nous les bourreaux.

30 mars 2015
https://www.facebook.com/ouedraogo.souleymane.Basic.Soul/posts/10206147429314812:0

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