Par lettre datée du 10 mars 2015 et adressée au président de la
commission avec en objet "Retrait de la Commission de Réconciliation
Nationale et des Réformes", Siaka Coulibaly, estime que "Si la CRNR ne
peut « se saisir et documenter toute affaire de crime de sang et de
crime économique et auditionner toute personne à cet effet », elle ne
pourra, en aucune manière, faire la vérité sur le passif politique du
pays, ne pourra pas non plus contribuer à la justice sur les crimes
passés, et, au final, ne pourra pas réconcilier les burkinabé."
Siaka juge la commission comme un "apparat qui n'aboutira à aucun
résultat, tout en dilapidant les ressources publiques" et se refuse "Sur
le plan moral, de percevoir des fonds publics au titre d'une commission
qui ne fera plus la vérité et la justice, revient à trahir le sang des
martyrs, ce qui est au-dessus de mes forces et de mon sens éthique."
Seulement, il est établi que Siaka Coulibaly avait été informé, comme
chacun des 36 membres de la Commission nommés par 3 personnalités (le
Président du Faso, 12 membres, le Premier Ministre, 12 membres et le
Président du CNT, 12 membres), le vendredi 7 mars 2015, que les
documents relatifs à la commission étaient disponibles au premier
ministère et que la première session de la Commission était prévue pour
le mardi 10 mars à 9H.
Dans les documents, il y avait la liste de
tous les membres, la loi organique de la Commission, le décret de
promulgation et la Charte de la Transition. Siaka Coulibaly a donc reçu
ses exemplaires de documents. S'il n’était pas d’accord avec le décret
de promulgation, la logique aurait voulu qu’il démissionne avant la
réunion de la Commission. Il aurait également pu dès l’ouverture de la
séance émettre ses réserves et partir.
Mais rien de tout ça.
Le 10 mars donc, sur les 36 membres, 32 étaient présents dont Siaka
Coulibaly. L’on élit le Président de la Commission, il y participe. Il
ne dit rien. L’on élit le rapporteur général et son adjoint. Il y
participe, il ne dit rien. L’on s’inscrit dans les sous commissions afin
d’élire le président de chaque sous commission. Sur la feuille qui
circule, Monsieur COULIBALY y inscrit son nom. Les sept membres de
chacune des 5 commissions se retirent pour désigner de manière
consensuelle un membre à proposer comme président de la sous commission.
Toutes les sous commissions reviennent avec un nom consensuel (sauf
deux commissions dont celle de Siaka Coulibaly). Dans la sous commission
de Monsieur Coulibaly, faute de consensus, l’on ramène 2 noms de
candidats : Siaka Coulibaly et Salif Sangaré. Siaka était ainsi candidat
à la présidence de la sous commission. Au cours des votes, Sangaré
obtient 22 voix contre 9 pour COULIBALY et un bulletin blanc. C’est en
ce moment que Siaka Coulibaly disparaît de la salle, sans mot dire et va
rédiger sa lettre de démission.
Siaka Coulibaly s'était
précédemment illustré lors de la crise du RSP comme celui qui était en
accord total avec les exigences des éléments de Diendéré: démission sans
condition de Zida et dissolution du gouvernement. N'étant pas en phase
avec les autres OSC, il n'a donc pas participé au mouvement anti RSP le 7
février.
Pour finir, sans être juriste et sur le fond de son
argument : "la CRNR ne pourra pas se saisir et documenter toute affaire
de crime de sang et de crime économique et auditionner toute personne à
cet effet.", j'estime que sans doute, une telle commission ne peut pas
être dotée de pouvoirs judiciaires au risque de poser un grave problème
de cohérence avec les actions de la justice.
13 mars 2015
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