mercredi 19 février 2014

20 FEVRIER 2011 – 03 JUIN 2011 : 100 JOURS DE TUERIES, DE TERREUR ET DE DESTRUCTION AU BURKINA FASO

En 2011, le Burkina Faso a connu la pire période d’instabilité de son histoire. Les militaires mutins ont même rendu des visites musclées à Simon Compaoré, Dominique Djindéré, Auguste Barry, Yéro Boly, Alain Yoda ou Odile Bonkoungou… Pourtant à l’époque, aucun groupe de médiateur ne s’est auto saisi pour œuvrer à ramener la paix.

La chronologie des événements :

• Dimanche 20 février 2011 : mort du lycéen Justin Zongo à Koudougou tué par la police.

• Mercredi 23 février 2011 : les rues de la ville de Koudougou sont en flammes, barrées à l’aide de troncs d’arbres, de barres de fer, de grosses pierres …. le gouvernorat du Centre Ouest, le commissariat de police, les locaux de la CRS, les pourtours du marché central et le centre ville sont aux mains des manifestants et des forces de sécurité.

• Vendredi 11 mars 2011 marche-meeting organisée par l’ANEB en direction de la DGPN « pour protester contre les agissements des éléments des forces de l’ordre et pour réclamer vérité et justice sur les assassinats d’élèves et d’étudiant dans la région du Centre-Ouest et pour dire non à la culture de l’impunité dans notre pays ». Cette manifestation s’est rapidement transformée en course-poursuite dans les artères de la capitale, notamment dans les quartiers Zogona, 1200 Logements, Wemtenga, Dassasgho et Zone Une.

• Le même jour, le Président du Faso, Blaise Compaoré, a lancé un appel au calme depuis Addis Abeba, en Ethiopie, où il participait à la rencontre de l’Union africaine sur la crise ivoirienne. Dans un entretien diffusé sur les antennes de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), il a déploré le décès du jeune Justin Zongo le 19 février dernier à Koudougou.

• Dans la nuit du 22 au 23 mars 2011, des tirs de sommation ont débuté d’abord au camp Sangoulé Lamizana de Gounghin puis au camp Guillaume Ouédraogo pour ensuite s’étendre à d’autres quartiers de Ouagadougou. Les crépitements des armes ont duré de 20h au petit matin du 23 mars 2011. Ce mouvement est parti du verdict d’un jugement rendu le 22 mars par la Chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou contre 5 militaires reconnus coupables de coups et blessures volontaires sur un civil et d’attentat à la pudeur.

• 23 mars 2011 : A l’issue de deux réunions tenues au cours de la journée, trois syndicats de magistrats (SAMAB, SBM, SMB) protestent contre la remise en cause de la décision du juge par le gouvernement et décident de la suspension de toutes les activités juridictionnelles jusqu’à nouvel ordre.

• Mardi 29 mars 2011 : attentat à la roquette contre le palais de justice de la ville de Fada N'Gourma. Les responsables sont des militaires en colère qui tentaient de libérer de la prison civile l'un des leurs accusé du viol d'une jeune fille et ont ensuite bloqué les accès à la ville avec des chars.

• Mercredi 30 mars 2011 : le président Blaise Compaoré annonce « des mesures vigoureuses . Le couvre-feu nocturne est instauré sur tout le territoire national.

• Vendredi 15 avril 2011 : mutinerie de la garde présidentielle à Ouagadougou. Le chef de l'État Blaise Compaoré s'est réfugié à Ziniaré. Des pillages ont eu lieu. Le président est revenu au bout de quelques heures.

• Samedi 16 avril 2011 : des centaines de commerçants mécontents des pillages de la veille ont incendié le siège du CDP et d'autres bâtiments publics. Le gouvernement de Tertius Zongo a été dissous, le chef de l'état-major des armées général Dominique Djindjéré est remplacé par le colonel-major Honoré Nabéré Traoré17. Nouvelle mutinerie à Kaya.

• Dimanche 17 avril 2011 : dans la nuit, le mouvement de mutinerie gagne la garnison de Pô où des pillages ont eu lieu dans la ville, faisant deux blessés.

• Lundi 18 avril 2011 : violente manifestation d'étudiants et de lycéens à Koudougou; le siège du CDP a été incendié ainsi qu'une résidence de l'ex-premier ministre Tertius Zongo et le lycée de la ville.

• Mardi 19 avril 2011 : nomination du nouveau premier ministre Luc-Adolphe Tiao. Le président Blaise Compaoré s'attribue le ministère de la Défense et des Anciens combattants.

• Mercredi 27 avril 2011 : nombreuses manifestation dans tout le pays faisant au moins six morts, des blessés et de nombreux pillages et dégâts matériels. À Koudougou, une manifestation des commerçants et des jeunes dégénère et plusieurs bâtiments ont été incendiés et pillés.

• Jeudi 28 avril 2011 : le président Blaise Compaoré annonce l'ouverture de négociations avec les militaires sur l'amélioration de leurs conditions de vie. D'autre part, des policiers ont commencé à se mutiner à Ouagadougou et dans plusieurs autres villes.

• Vendredi 29 avril 2011 : mort d'un enfant blessé par une balle perdue lors d'une manifestation de policiers. Le ministre de la Santé Adama Traoré indique que 6 personnes ont été tuées accidentellement et 10 autres blessées à Ouagadougou depuis le début des mutineries de soldats et de policiers.

• Samedi 30 avril 2011 : manifestation à Ouagadougou de plusieurs centaines de personnes pour exiger le départ du président Blaise Compaoré. Quelque 34 partis politiques avaient appelé à une « grande mobilisation »

• le 15 mai : au centre commando de Pô, mutineries, marquées par des tirs nocturnes au sein des casernes

• du 29 au 30 mai : les militaires de Kaya, Tenkodogo et Dori, rejoints par ceux de Dédougou et Koupéla et les gendarmes de Tenkodogo, Bagré et Garango faisant quatre nouveaux blessés.

• du 31 mai au 3 juin : à Bobo Dioulasso, révolte des militaires du camp Ouezzin Coulibalyqui tirent au canon, pillent des commerces et blessent plusieurs personnes ce qui provoque une manifestation des commerçants qui saccagent la mairie le 2 juin. Le régiment de sécurité présidentielle (RSP), le Régiment para-commando de Dédougou (RPC) et des éléments de la Gendarmerie nationale interviennent pour mater la mutinerie. Jérôme Bougouma, ministre de la Sécurité et de l’Administration territoriale, a précisé que six soldats avaient été tués à l’intérieur du camp. Une jeune fille a également succombé, atteinte par une balle à l’extérieur du complexe militaire. Les combats ont aussi fait 25 blessés dans la population civile et huit parmi les militaires. Cinquante-sept soldats rebelles ont été arrêtés.

LIRE : RAPPORT SPECIAL SUR LES VIOLATIONS DE DROITS HUMAINS COMMISES PENDANT LA CRISE SOCIOPOLITIQUE ET MILITAIRE - M B D H P

http://www.courrierconfidentiel.net/index.php/non-categorise/146-rapport-special-sur-les-violations-de-droits-humains-commises-pendant-la-crise-sociopolitique-et-militaire

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