Au
lendemain de l’assassinat de Thomas Sankara le 15 octobre 1987, il n’y avait
pas grand monde qui auraient parié que Blaise Compaoré s’accrocherait au
fauteuil présidentiel pendant 26 ans. Il semblait tellement confus et peu
convaincant au cours de sa première adresse à la nation. Comment a-t-il pu
déjouer tous les pronostics jusqu’à enfiler le costume de
président-facilitateur-pacificateur-médiateur-international-indispensable qu’il
arbore aujourd’hui ?
C’est
simple : Blaise Compaoré est un caméléon qui s’adapte et tire avantage de
presque toutes les situations. Autrement dit, il est un manipulateur et un imposteur qui dès le 19 Octobre 1987 prétendait agir dans notre intérêt :
« Je puis affirmer à notre peuple qu’il n’a été
question, à aucun moment, pour moi, d’assouvir des ambitions personnelles,
encore moins de les assouvir dans le sang de ceux qui, hier encore, étaient mes
camarades». http://www.thomassankara.net/spip.php?article720&lang=fr
Nombreux sont ceux qui ne conçoivent pas qu’un
chef de l’Etat veuille détruire physiquement et socialement ses amis
politiques, ses opposants ou des journalistes trop intrépides. Beaucoup de
personnes ont du mal à l’accepter. Jusqu’à récemment, beaucoup de gens disaient
encore : « Ce n’est pas Blaise le problème, c’est son
entourage ». Pourtant qui peut croire un seul instant que Blaise Compaoré,
qui consacre autant de moyens pour sa sécurité et ses services de renseignement,
n’était pas au courant que Norbert Zongo allait être assassiné ?
De l’extérieur, les autres pays admirent
notre stabilité pensant que le Burkina a le président idéal qui garantit la
paix et le développement. C’est en effet
remarquable qu’un pyromane qui a hébergé des rebelles de Côte d’Ivoire et du Mali se transforme soudainement en
pompier sous l’égide de la CEDEAO.
Blaise
le manipulateur a plusieurs visages. Il sait jouer au mystérieux, il peut avoir
le visage fermé, l’air glacial, autoritaire et tyrannique. Il peut se
montrer extraverti, bon vivant, séducteur, altruiste, être très drôle. Il peut se montrer gai au cours d’un match avec les membres du gouvernement. Mais c’est pour
mieux nous manipuler.
Il met en doute les qualités, la compétence et la personnalité des autres. Il a mis en place des stratégies pour détruire les partis politiques d’opposition. Blaise Compaoré ne reconnaît aucune valeur à la réussite des autres. Nous ne sommes que des pions sur lesquels il s’appuie pour se valoriser. Ce n’est pas par hasard, qu’il a tout fait pour contenir l’influence du général Lougué au sein de l’armée puis a nommé des officiers d’opérette. Résultats : Les mutineries de 2011. C’est une constance chez Blaise Compaoré de semer la zizanie, créer la suspicion et diviser pour mieux régner. C’est le genre de personne avec qui on ne sait jamais comment réagir. Chaque parole, chaque acte est une prise de risque.
Il est un habitué des petites phrases
assassines : « Dans aucun pays au monde, aucune marche n’a jamais
changé une loi ». Il ignore les demandes même s’il prétend s’en occuper (respect
de la constitution). Il est égocentrique, narcissique et a la folie des
grandeurs (le palais de Kosyam…)
Par
l’intermédiaire du CDP, de la FEDAP/BC et du Front républicain, il menace de
façon déguisée ou bien, pratique un chantage ouvert : « Si vous
m’obligez à quitter le pouvoir en 2015, le Burkina va sombrer dans un cycle de
violence et d’instabilité. »
Blaise Compaoré a
tendance à faire preuve de condescendance
lorsque les journalistes locaux l’interrogent. Il les méprise parce que cela le place dans une situation qu’il
n’apprécie guère. Il est à leur portée, soumis à leur jugement et leurs critiques.
Malgré l’impression de puissance par le fait
de contrôler presque tous les burkinabè, Blaise Compaoré a un cercle social réduit. Ses amis proches sont rares et il semble se
replier sur sa famille et ses appuis à l’extérieur y compris ceux de la Françafrique.
http://blogs.mediapart.fr/blog/bruno-jaffre/070214/jeanny-lorgeoux-se-fait-remarquer-ouagadougou-ou-le-retour-d-un-dinosaure-de-la-francafrique
Quand on est en contact avec Blaise Compaoré,
on peut y perdre son âme. Être sa victime crée une énorme confusion mentale. Un
bouleversement émotionnel qui empêche toute pensée fluide et rationnelle. Les écarts
de langage de Nestorine Sangaré et la métamorphose du premier ministre Luc
Adolphe Tiao en sont les exemples. Ce dernier est passé d’une position de
neutralité trouble à une attitude de faucon belliqueux au sein du CDP. http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2768p034.xml1/blaise-compaore-cdp-roch-marc-christian-kabore-simon-compaore-burkina-faso-burkina-beyon-luc-adolphe-tiao-la-rue-ne-peut-pas-renverser-un-gouvernement.html
Pourtant, il est possible de quitter le régime Compaoré à condition de bien préparer sa fuite (conserver un minimum de marge de manœuvre, faire des copies de documents importants, sécuriser ses comptes bancaires…). Mais cela n’est pas sans risques, il faut s’attendre à se voir couper les vivres.
Toutefois ceux qui ont fait preuve d’intégrité, de morale et d’honnêteté ont pu échapper à la spirale infernale de la compromission en n’intégrant simplement pas ce cercle restreint et clanique.
Cette publication s’inspire de l’ouvrage de Isabelle Nazare-Aga : « des Manipulateurs sont parmi nous (éditions de l’Homme, 1997)».
Après plus de vingt ans passés à étudier la question, l’auteur est formelle : « le manipulateur n’aime personne, si ce n’est lui-même».
Aujourd’hui, est arrivé le moment où Blaise Compaoré, le manipulateur, est obligé de tomber le masque. Ce qui a changé, c’est que plus personne ne le sous-estime. Chacun a pris ses marques. Pourra-t-il dans ce contexte rebondir une énième fois ?
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