« Lorsque vous voyez quelqu'un qui a un niveau de vie anormal parce que vous ne voyez pas quelle activité visible il mène, je crois que cela doit vous tiquer et vous amener à vous approcher des services de sécurité pour donner des informations.»
Roger ZANGO, Directeur général de la Police nationale (DGPN)
http://www.lopinion.org/index.php/le-journal-l-opinion/temperature/331-roger-zango-directeur-general-de-la-police-nationale-simon-et-ses-hommes-repondront-de-leurs-forfaits-en-justice
Monsieur le DGPN
Permettez-moi de partager avec vous un certain nombre de réflexions relatives à votre appel à collaborer.
D’abord, il y a plusieurs types de voleurs :
- Les voleurs professionnels. Ils ressemblent à de bons pères de famille. Ils s’habillent en costume ou en boubou Faso Dan Fani. Ce sont eux les véritables prédateurs des ressources publiques et ce sont eux qui ont institutionnalisé la corruption. Ils se servent directement dans les caisses de l’Etat ou ponctionnent les ressources au passage : faux projets, détournement de marchés publics, détournement de parcelles, fausses factures, fausses exonérations, commissions de 5, 10, 20% … Ils font un travail à la chaine en silence, de manière souterraine, presqu’invisibles mais les dégâts qu’ils causent au système de santé, au système éducatif, à la qualité des infrastructures publiques sont incalculables.
Exemple : Ousmane Guiro (ancien DG de la douane), Séraphine Ouédraogo (ancienne maire de Boulmiougou), Salif Kossouka Ouédraogo (homme d’affaire, ancien propriétaire de SKV, NESKO, Grands Moulins du Burkina ...)
- Il y a les voleurs amateurs. Ils sont armés et violents. Ils travaillent en bandes organisées. Ils braquent, attaquent, agressent et terrorisent. Ils ont des cibles bien précises : cars de transports en commun, motos, maisons d’habitations, banques, stations-services, marchés, alimentations, pharmacies…
Exemple : Balla le pétrolier, Champi Kilo, Maïga …
Exemple : Harouna Ouédraogo ambulancier et voleur de matériels à l’hôpital Yalgado.
Les premiers volent tout le monde, les seconds guettent leurs proie à l’affût comme des bêtes fauves, les troisièmes font comme « la chèvre broute là où elle est attachée ».
Monsieur le DGPN
Je sais que vous savez tout ça. Je ne vous apprends rien. Toutefois puisque vous nous demandez de dénoncer « quelqu'un qui a un niveau de vie anormal », j’aimerais vous suggérer d’investiguer au niveau des investissements réalisés au Burkina Faso. Quand quelqu’un a acquis de l’argent malhonnêtement, sa première réaction est de le cacher. Rares sont ceux qui cachent l’argent volé dans des banques.
Les voleurs amateurs sont ceux qui se font prendre le plus souvent. D’une part parce qu’il y a trop de mauvaises publicités sur leur méthodes violentes, d’autre part parce qu’ils vivent à 100 à l’heure et dépensent sans compter dans les boites de nuit et les maquis. Ils n’ont pas de problèmes existentiels et ne cherchent pas à mettre leur argent à l’abri. Ces gens-là, vos services de renseignement les identifient très facilement.
Par contre les voleurs professionnels sont doués dans le blanchiment de l’argent. Ils investissent dans la construction d’immeubles, hôtels, maisons de location … Ils font de l’agro business. Ils créent des entreprises, des maquis, alimentations, restaurants, magasins que gèrent des membres de leur famille (épouse, frère, sœur, cousin…) des amis ou des maitresses. Les plus hauts placés, en plus, font sortir l’argent du pays ou bien achètent des actions dans les grandes sociétés ou entreprises de la place.
Ceux-là, malgré qu’ils roulent dans des voitures de luxe et dorment dans des châteaux, on ne peut pas les attraper facilement parce qu’ils possèdent des connexions politiques qui font qu’il est quasiment impossible de boucler une enquête à leur sujet. Les enquêtes qui aboutissent sont classés sans suite.
Monsieur le DGPN
Vous avez déclaré : « L'appel que j'ai à lancer à l'endroit des populations, c'est véritablement de faire confiance à la police, de nous appuyer. Il faut nous appuyer, parce que, quand nous avons les renseignements et les informations qu'il faut, nous pouvons agir efficacement. »
Rassurez-vous, les populations vont continuer à collaborer. Leur vie en dépend, leurs biens chèrement acquis en dépendent.
Permettez-moi toutefois d’affirmer que tant que vous n’allez pas sévir contre les délinquants à col blanc armés de leur carte de parti, eh bien, les délinquants armés de fusils seront toujours aussi nombreux et aussi menaçants. Tout est lié.
Vous le savez, l’insécurité se nourrit de l’injustice et de l’impunité. De l’inégalité et de la frustration. De l’incurie et du laxisme. Et des propos de ce genre prononcés en octobre 2011 par Jérôme Bougouma, ministre en charge de la sécurité : « le sentiment d’insécurité est plus élevé que l’insécurité elle-même. »
- Demander à vos agents, à ces braves policiers sous équipés, demandez-leur qui sont les propriétaires des maisons qu’ils louent?
- Demander à vos agents s’ils sont contents de retrouver libres, sans jugement, des bandits dangereux qu’ils ont mis des mois à rechercher et à mettre en prison ?
- Parlez aux services de la justice, demandez-leur de faire en sorte que la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou ne soit plus une passoire.
- Faites en sorte que l’on puisse juger le riche et le puissant de la même manière que le pauvre et le faible.
- Faites en sorte que tous vos efforts soient consentis à traquer les bandits plutôt qu’à intimider les opposants politiques.
A ce prix et seulement à ce prix, l’insécurité va reculer et la quiétude dont jouissaient jadis les populations règnera de nouveau au Burkina Faso.
6 octobre 2014
Source: https://www.facebook.com/ouedraogo.souleymane.Basic.Soul/posts/10204794039880922:0
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