Le président du CDP, Eddie KOMBOÏGO, a bénéficié d'une liberté provisoire ce lundi 30 mai 2016.
Avant lui certains anciens ministres avaient été libéré de la même
manière : Jérôme Bougouma, colonel Yacouba Ouédraogo, Alain Edouard
Traoré, Jean Bertin Ouédraogo, Arthur Kafando, Salif Kaboré (en liberté
provisoire depuis le 29 avril 2015!).
Certains anciens maires également : Salia Sanou, Zakaria Sawadogo, Joanny Ouedraogo, Basile Kaboré, Séraphine Ouédraogo ...
On peut aussi citer Karim Traoré, président de l'Union nationale des
producteurs de coton (UNPCB), les journalistes Adama Ouédraogo dit
Damiss du quotidien L'Observateur Paalga, Caroline Yoda de la télévision
privée BF1 et Fatoumata Thérèse Diawara, la compagne du fils du général
Gilbert Diendéré.
Inculpées dans le cadre de différentes
procédures, ces personnes ne sont "ni relaxées ni acquittées. Le juge
estime tout simplement que leur détention n'est plus nécessaire en
attendant le procès" et certains considèrent qu'il faut laisser la
justice travailler sereinement et attendre le temps qu'il faudra pour
les différents jugements.
Le problème est que des demandes de
mise en liberté provisoire d'autres personnes écrouées ont reçu des
réponses négatives surtout que les faits qui leur sont reprochés sont
quasi identiques et certaines des demandes ont été formulées par le même
avocat et pour les mêmes motifs.
Étant entendu que votre cas
sera traité avec diligence ou avec complaisance si vous avez les moyens
de vous payer un bon avocat.
"Laisser la justice travailler
sereinement" suppose qu'on fait confiance à la justice. Malheureusement
la justice est attendue depuis de longues années sur d'autres dossiers
(Sankara, Dabo, Zongo, Nebié ...) et cela n'est pas de nature à rassurer
l'opinion publique.
Certains rétorquerons que la justice est
désormais indépendante et que si ces anciens dossiers sensibles ont
piétiné c'est eu égard aux interférences d'ordre politique. Alors quelle
garantie que le politique ne va plus s'ingérer lorsqu'on a vu le
tripatouillage ubuesque de la cour de cassation au sujet de la levée des
mandats?
Dans l'affaire de la procédure judiciaire du putsch
du général Diendéré, on peut parier que dans un an, aucun verdict
définitif n'aura été rendu. Simplement parce que le procès va démarrer
au plus tôt en septembre 2016 (symboliquement), les premières décisions
seront attaquées en appel puis en cassation. Surtout avec cette batterie
d'avocats nationaux et internationaux ...
Et cela donnera tout
le temps aux inculpés libérés provisoirement de vaquer tranquillement à
leurs business. C'est aussi l'un des arguments de ceux qui estiment
qu'il faut lever le pied sur la justice et privilégier la relance
économique. Les burkinabè auraient plus besoin de nourriture, de
travail, de soins de santé, d'éducation ...
Le PNUD vient de
sortir son rapport sur le développement humain dans le monde. Notre pays
est 183 ème sur 188, la Côte d'Ivoire est 172 ème (la Libye en guerre
civile est 94 ème). Le classement peu glorieux de la Côte d’Ivoire en
dépit de son insolente "réussite économique" signifie simplement que la
croissance économique n'a aucun sens sans justice sociale qui favorise
la redistribution des richesses.
La justice précède tout et est
au centre de tout. Elle rassure les populations et assure la cohésion
sociale. Dans une société juste, chacun a les mêmes chances et l'on peut
compétir de façon équitable. La justice est la condition nécessaire de
tout développement durable.
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