mercredi 1 avril 2015

LA THÉORIE DU COMPLOT

Etienne Traoré a évoqué récemment des "surenchères revendicatives exploitables politiquement par des forces qui travaillent à l’échec de la Transition : celles revanchardes qui veulent cet échec pour dire que sans Blaise, c’est le chaos ; celles pseudo-révolutionnaires qui, après avoir dénigré la lutte patriotique ayant abouti à la chute de Blaise Compaoré essayent maintenant de susciter par tous les moyens, un mécontentement populaire dont ils prendraient la tête pour aller à Kosyam." Etienne TRAORE, Universitaire, Ouagadougou le 30 Mars 2015, https://www.facebook.com/profile.php…
Selon toute vraisemblance, l'universitaire accuse l'ancien régime et les mouvements syndicaux de "gauche" noyautés par le PCRV d'être à la manœuvre pour faire échouer ou récupérer la transition.
Grèves sauvages sans aucun service minimum, blocus, défi de l'autorité publique sont des réalités indiscutables. Mais entre la pertinence des plateformes revendicatives des travailleurs, chômeurs ou simples citoyens et la prise en otage du quotidien des burkinabè, il y a matière à condamner sans ambages certains comportements.
Le régime de Transition peut-il apporter des solutions durables à tous ces problèmes structurels hérités de l'ère Compaoré? Il est permis d'en douter tant l’insurrection populaire a fragilisé l’économie nationale et de la même manière la crise du RSP a fragilisé le gouvernement. Un gouvernement que d'aucuns vouent aux gémonies et qui semble naviguer à vue.
Dans son adresse à la nation en début d'année, le Président du Faso semblait avoir pris la mesure des dangers imminents (sans doute échaudé par la première sortie du RSP le 30 décembre 2014) et avait adopté un ton guerrier. Il avait annoncé que la période qui commençait serait "difficile" et affirmait le 6 janvier: "nous avons peur aussi que vraiment le danger ne vienne de là (Côte d'Ivoire). Il ne faut pas que nos propres élections soient perturbées ici, au Burkina, parce que de l’autre côté, on aura sciemment manigancé des choses ». Kafando avait toutefois rapidement infléchi sa position redevenant un président presque débonnaire.
Hier 31 mars 2015, la conseillère juridique du Cabinet du Président du Faso faisait une mise au point structurée concernant le choix des personnalités et la forme du décret de nomination de membres contestés du Conseil Constitutionnel.
Piqué au vif dans son honneur, le Président Kafando sait communiquer utile pourtant en ce qui concerne les gros soucis de ses concitoyens (pénuries d'eau, SONABEL, insécurité, produits alimentaires dangereux pour la santé ...) c'est quasiment le mutisme.
Il faut qu'on nous explique pourquoi tous les compartiments de la vie publique semblent aller à vau-l'eau? Pourquoi l'autorité de l’État est devenue une chimère? Pourquoi l'argent ne circule plus? Simple ressenti ou implacable réalité?
Le citoyen Lambda veut savoir.
Verra-t-on bientôt les populations appeler au retour de Compaoré?
Verra-t-on des mouvements sur le CNT le 7 avril pour empêcher le vote de la loi sur la reforme du code électoral?
Un discours à la nation ne peut pas taire les théories conspirationnistes, mais une communication concertée et coordonnée au plus haut sommet de l’État est nécessaire dans ces moments troubles pour lever le doute sur les capacités de la transition à nous sortir de l'ornière.

1er avril 2015
https://www.facebook.com/ouedraogo.souleymane.Basic.Soul/posts/10206163592278876:0

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