vendredi 29 novembre 2013

ZAKARIA L’INTOUCHABLE

Le Conseil des ministres du mercredi 27 novembre 2013 a adopté un décret pour dissoudre le Conseil municipal de l’arrondissement 4 de Ouagadougou. Le motif : l’arrondissement n’arrive pas à tenir les sessions du Conseil municipal. Dès le lendemain, des habitants en colère ont érigé des barricades et annoncé un blocus de trois jours.

Cet arrondissement anciennement dénommé "Nongr-maasom" qui signifie "Havre de PAIX" a été créé par Zatu du n°AN IV-037/CNR/PRES 21 mai 1987. Pendant plus de dix ans il a été placé sous la coupe réglée de Zakaria Sawadogo, un « self made man » aux méthodes peu orthodoxes. Parti de rien, ce natif de Séguenega dans le Yatenga s’est en effet bâti un empire financier basé sur des méthodes mafieuses à l’image des Yakuzas japonais. Haut fait inaugural : la cité de l’impunité à Somgandé. Parce que le premier programme d’un maire qui vient d’être élu au Burkina, c’est d’initier une opération de lotissement.

Zakaria Sawadogo était, au début de son dernier mandat, le plus jeune des maires de la commune de Ouagadougou. C’est donc un jeune homme aux ambitions démesurées que le maire de la commune de Ouagadougou, Simon Compaoré a installé, le vendredi 16 juin 2006 dans l’enceinte de la mairie de l’arrondissement de Nongr-Massom. Zakaria s’est engagé, au cours de son mandat à la construire un lycée municipal et d’un Collège d’enseignement général (CEG). Il s’est rappelé sa promesse 6 ans plus tard et à six mois des élections de décembre 2012 : « Zakaria Sawadogo a procédé à la pose de la première pierre d’un collège d’enseignement général public au secteur n°27 au quartier Ouidtoghin, une banlieue Est de Ouagadougou. Ce collège financé par la Fondation Nicolas De preux à Lausanne en Suisse aura une capacité d’accueil de 300 élèves. » http://www.sidwaya.bf/lesregionales/spip.php?article775

Justement à ces élections de 2012, c’est une véritable mascarade qui s’est déroulé sous nos yeux avec comme chef d’orchestre le flamboyant Zakaria. A l’issue de la journée électorale du 2 décembre, des accusations graves de manipulation du matériel de vote sont portées à l’endroit du maire sortant. Bénoit Ilboudo, candidat aux législatives pour l’UNIR / PS affirme avoir vu Zakaria Sawadogo distribuer des bulletins dans certains bureaux de vote. Oumar Sawadogo candidat du Le Faso autrement affirme : «Nous avons suivi Zakaria. Après des échanges houleux, nous l’avons contraint de déposer les bulletins fictifs qu’il détenait à la Commission électorale indépendante d’arrondissement (CEIA). …. Mais, il avait déjà distribué pas mal de bulletins… ». http://news.aouaga.com/h/3352.html

4 sacs de 50 Kg remplis de feuilles de dépouillement, de bulletins de votes déjà paraphés par les présidents et des accesseurs des bureaux de votes ont été retrouvés à la mairie dans les bureaux de Zakaria Sawadogo mettant ainsi en évidence une chaîne de fraudes organisée qui a entaché les résultats proclamés par la CENI. Le Tribunal administratif à qui ces preuves ont été présentées a décidé de l’annulation des élections dans cet arrondissement. Mais curieusement, cette annulation ne concernait que les élections municipales.

Pour mieux comprendre la supercherie, il faut se rappeler que c’est l’imprimerie « Martin Pêcheur » appartenant à Zakaria qui a obtenu de la CENI le marché de l’impression des bulletins de votes et de l’encre utilisée pour les opérations de votes pour lesquels il était lui-même doublement candidat (législatives et municipales).

Interrogé par des députés à l’occasion de la déclaration de politique générale du chef du gouvernement, Luc Adolphe Tiao, le 30 janvier 2013, celui-ci a fait savoir que l’affaire a été jugée devant les juridictions administratives et des faits directement imputables à M. Sawadogo n’ont pas été retenus. Il a ajouté que l’enquête de police judiciaire n’a pas révélé d’indices graves et concordants de sorte que la procédure a été classée sans suite…. Partant de ce fait, il a argué que la justice peut être rendue à l’insatisfaction de certaines personnes, mais c’est la loi et elle est implacable. » http://www.sidwaya.bf/quotidien/spip.php?page=imprimer&id_article=10106. Curieuse justice !

Anatole Bonkoungou, le successeur de Zakaria, une tête brûlée qui a refusé les consignes internes au CDP, a été élu maire le 6 mars 2013. Dès le 7 mars, Assimi Kouanda le secrétaire exécutif national du CDP se signale avec la Décision N° 2013/0001/CDP/CN/BPN/SEN portant suspension du Camarade Anatole Issa Bonkoungou, …. Il est « provisoirement suspendu de tous les organes, instances et structures du Parti pour indiscipline et manquements graves aux principes fondamentaux du CDP.»

Malgré tout, Anatole Bonkoungou le nouveau maire a pu prendre les dossiers de l’arrondissement en main un mois et 26 jours après son élection. C’est le jeudi 2 mai 2013 qu’il a été officiellement installé dans ses fonctions après une passation de service à huis clos et au cours d’une cérémonie placée sous haute surveillance sécuritaire. Plus de 300 membres de la Brigade anti-criminalité, de la Police nationale et municipale et de la Compagnie républicaine de sécurité ont été déployée pour la cause. L’entrée de la mairie a été soumise aux fouilles corporelles des visiteurs et de leurs véhicules. Une vingtaine de personnes suspectes ont été interceptées et des armes, dont des machettes, ont également été découvertes sur certaines personnes. http://burkina24.com/news/2013/05/02/arrondissement-4-anatole-bonkoungou-a-enfin-les-cles-de-la-mairie/

La dissolution du Conseil municipal de l’arrondissement 4 de Ouagadougou ce 27 novembre 2013 annonce une nouvelle période trouble avec des machettes, des gourdins et des achats de conscience en option.
Entretemps, Zakaria le fantastique siège paisiblement comme 2ème adjoint aux côtés du maire de Ouagadougou.

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