mardi 20 mai 2014

SPLENDEUR ET DECADENCE : BLAISE COMPAORE ET MAURICE YAMEOGO, DESTINS LIES ?

Sur certains points, le parcours de Blaise Compaoré ressemble à celui de son prédécesseur Maurice Yameogo:

• Élimination par tous les moyens des adversaires politiques
• Gestion familiale des affaires de l’État
• Allergie à la moindre contestation
• Dépenses somptuaires
• Mariage avec une métisse ivoirienne
• Fin de règne similaire ?

Lisez plutôt :

Maurice Yaméogo né en 1921 et decedé en 1993 a été le premier président de la République de Haute-Volta en 1959. A la mort de Ouezzin Coulibaly et après la proclamation de la République, Yaméogo élimine toute opposition et impose le parti unique. La Haute-Volta se trouve avant même l'indépendance sous le joug de la dictature.

le 13 janvier 1963, Maurice Yaméogo céde à la paranoïa après le coup d’État au Togo dans lequel le président Sylvanus Olympio est assassiné. Il fait arrêter Joseph Ouédraogo, Pierre-Claver Tiendrébéogo et Frédéric Guirma ambassadeur à l’ONU. Ensuite, il s’en prend à son cousin Denis Yaméogo, ministre de l’Intérieur. Ce dernier est emprisonné puis réintégré en 1965. Chaque année de nombreux remaniements ministériels improvisés sont effectués et le président de la République annonce à la radio, la nomination ou la révocation de ministres.

Maurice Yaméogo candidat unique à l’élection présidentielle du 3 octobre 1965, est « triomphalement » réélu par 99,97 % des voix.

En juin 1965, après que Sékou Touré a traité Félix Houphouët-Boigny le dirigeant ivoirien de valet de l’impérialisme français, Maurice Yaméogo l’insulte pendant près d’une heure à la radio:

« Qui est donc ce Sékou, alias Touré, qui désire tant qu’on parle de lui ? Un homme orgueilleux, menteur, jaloux, envieux, cruel, hypocrite, ingrat, intellectuellement malhonnête...Tu n’es qu’un bâtard parmi les bâtards qui peuplent le monde. Voilà ce que tu es, Sékou, un bâtard des bâtards »

Maurice Yameogo est le premier chef d’État africain accueilli à la Maison-Blanche par le président Lyndon Baines Johnson. Il rentre des États-Unis avec trois milliards de francs CFA : un pour lui, les deux autres pour les présidents ivoirien et nigérien Félix Houphouët-Boigny et Hamani Diori. Il place son milliard sur un compte privé en Suisse. Ces fonds lui permettent de financer la campagne législative du 7 novembre 1965.

La même année, Yameogo fait emprisonner son épouse Félicité, divorce, et se remarie le 17 octobre en grande pompe avec la métisse « Miss Côte d’Ivoire » Nathalie Monaco, assisté pour l’occasion des présidents ivoirien Félix Houphouët-Boigny et nigérien Hamani Diori. Les noces se déroulent avec faste dans les Caraïbes et au Brésil.

Le régime de Yaméogo jouissait au départ, du soutien de l’Église voltaïque. En 1964, l’État a supprimé les subventions en faveur de l’école privée catholique. Le cardinal Paul Zoungrana met alors tout son pouvoir moral pour discréditer Maurice Yaméogo qui s’est mis à dos aussi les musulmans après les avoir traité à la radio de charlatans et de marabouts.

Maurice Yaméogo a pris tout au long de sa présidence des mesures à l’encontre de la chefferie traditionnelle : interdiction du port de tout insigne rappelant les chefferies coutumières, suppression des salaires des chefs.

Le 1er janvier 1966, à l’annonce des grandes manifestations de protestations, le chef de l'État demande aux autorités religieuses d’intervenir. Celles-ci s'y refusent et avec la chefferie traditionnelle, elles apportent leur soutien au mouvement.

Dans la nuit du 2 au 3 janvier 1966, les évènements se précipitent. Maurice Yaméogo ordonne l’installation de plusieurs automitrailleuses aux alentours du palais. Au matin débute la manifestation avec les collégiennes du cours Normal suivies par les élèves du lycée Philippe Zinda Kaboré et rejoints par plus de 100 000 ouagalais. La manifestation n’est pas violente. La foule appelle désormais à la démission du président de la République retranché dans le camp Guillaume Ouédraogo.

Après plusieurs heures de négociations, Maurice Yaméogo annonce par radio sa décision de remettre le pouvoir au lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana :

« Contrairement à ce que l’on peut croire, je suis le premier réjoui - et mes ministres après moi - de la manière la plus pacifique dont les choses se sont résolues. Si depuis plus de quatre jours, notre capitale d’habitude si pacifique a connu un tel échauffement et que heureusement rien ne se soit produit sur le plan de la perte de vies humaines, c’est parce que là encore, bien que possédant les attributs du pouvoir, nous n’avons pas voulu user de quoi que ce soit pour qu'un jour, on puisse dire que la Haute-Volta a perdu l’une de ses grandes vertus qui est le respect de soi-même, l’amour entre ses frères. Et c’est pour quoi je suis heureux que le chef d’état-major général, entouré de tous ses officiers, ait pu, en parfaite harmonie avec moi-même, pour que l’histoire de notre pays puisse continuer à aller de l’avant, réaliser de façon si pacifique ce que j’appellerais ce transfert de compétences. L’équipe qui s’en va n’éprouve aucune rancœur croyez-moi bien. »

Selon Frédéric Guirma, Maurice Yaméogo aurait ordonné au chef des Forces armées de tirer sur la foule. Lamizana aurait répliqué que jamais une armée ne tire sur son peuple, qu’un tel ordre devait être signifié par écrit.

Il est placé le 6 janvier en résidence surveillée à Ouagadougou. Cette détention, Maurice Yaméogo la vit très mal au point de tenter de mettre fin à ses jours en décembre 1966. En janvier 1968, Yaméogo fait une seconde tentative de suicide. Son épouse Nathalie Monaco le quitte. Le 5 août 1970, il est libéré.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Yaméogo

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