mardi 31 mai 2016

LAISSER LA JUSTICE TRAVAILLER ?

Le président du CDP, Eddie KOMBOÏGO, a bénéficié d'une liberté provisoire ce lundi 30 mai 2016.
Avant lui certains anciens ministres avaient été libéré de la même manière : Jérôme Bougouma, colonel Yacouba Ouédraogo, Alain Edouard Traoré, Jean Bertin Ouédraogo, Arthur Kafando, Salif Kaboré (en liberté provisoire depuis le 29 avril 2015!).
Certains anciens maires également : Salia Sanou, Zakaria Sawadogo, Joanny Ouedraogo, Basile Kaboré, Séraphine Ouédraogo ...

On peut aussi citer Karim Traoré, président de l'Union nationale des producteurs de coton (UNPCB), les journalistes Adama Ouédraogo dit Damiss du quotidien L'Observateur Paalga, Caroline Yoda de la télévision privée BF1 et Fatoumata Thérèse Diawara, la compagne du fils du général Gilbert Diendéré.

Inculpées dans le cadre de différentes procédures, ces personnes ne sont "ni relaxées ni acquittées. Le juge estime tout simplement que leur détention n'est plus nécessaire en attendant le procès" et certains considèrent qu'il faut laisser la justice travailler sereinement et attendre le temps qu'il faudra pour les différents jugements.

Le problème est que des demandes de mise en liberté provisoire d'autres personnes écrouées ont reçu des réponses négatives surtout que les faits qui leur sont reprochés sont quasi identiques et certaines des demandes ont été formulées par le même avocat et pour les mêmes motifs.

Étant entendu que votre cas sera traité avec diligence ou avec complaisance si vous avez les moyens de vous payer un bon avocat.

"Laisser la justice travailler sereinement" suppose qu'on fait confiance à la justice. Malheureusement la justice est attendue depuis de longues années sur d'autres dossiers (Sankara, Dabo, Zongo, Nebié ...) et cela n'est pas de nature à rassurer l'opinion publique.

Certains rétorquerons que la justice est désormais indépendante et que si ces anciens dossiers sensibles ont piétiné c'est eu égard aux interférences d'ordre politique. Alors quelle garantie que le politique ne va plus s'ingérer lorsqu'on a vu le tripatouillage ubuesque de la cour de cassation au sujet de la levée des mandats?

Dans l'affaire de la procédure judiciaire du putsch du général Diendéré, on peut parier que dans un an, aucun verdict définitif n'aura été rendu. Simplement parce que le procès va démarrer au plus tôt en septembre 2016 (symboliquement), les premières décisions seront attaquées en appel puis en cassation. Surtout avec cette batterie d'avocats nationaux et internationaux ...

Et cela donnera tout le temps aux inculpés libérés provisoirement de vaquer tranquillement à leurs business. C'est aussi l'un des arguments de ceux qui estiment qu'il faut lever le pied sur la justice et privilégier la relance économique. Les burkinabè auraient plus besoin de nourriture, de travail, de soins de santé, d'éducation ...

Le PNUD vient de sortir son rapport sur le développement humain dans le monde. Notre pays est 183 ème sur 188, la Côte d'Ivoire est 172 ème (la Libye en guerre civile est 94 ème). Le classement peu glorieux de la Côte d’Ivoire en dépit de son insolente "réussite économique" signifie simplement que la croissance économique n'a aucun sens sans justice sociale qui favorise la redistribution des richesses.

La justice précède tout et est au centre de tout. Elle rassure les populations et assure la cohésion sociale. Dans une société juste, chacun a les mêmes chances et l'on peut compétir de façon équitable. La justice est la condition nécessaire de tout développement durable.

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