Il y a ceux qui sont désillusionnés parce qu'ils croyaient à tort que l'arrivée d'un nouveau pouvoir démocratiquement élu serait aussi le signe de l'avènement immédiat de l’État providence avec le plein l'emploi, l'argent qui circule, les prix qui baissent, l'insécurité qui recule ...
Il y a ceux qui ne s'attendaient à rien de bon et qui se réjouissent des difficultés auxquelles les nouvelles autorités sont confrontées pour rétablir l'autorité de l’État, pour expliquer et mettre en œuvre une politique de développement volontariste et cohérente. Pour eux le régime actuel et le régime déchu, c'est même pipe, même tabac.
Il y a ceux qui soutiennent et applaudissent toutes les initiatives du gouvernement même quand ça semble faire désordre. Ils demandent de faire confiance, de patienter en attendant des jours meilleurs qui ne sauraient tarder.
Et puis il y a ceux qui, comme moi, sont restés pragmatiques. Ceux qui avaient appelé à voter et à rester vigilants, ceux qui savaient bien avant le jour du scrutin que "le nouveau président élu ne pourra pas répondre à toutes les sollicitations et résoudre immédiatement les multiples problèmes auxquels les burkinabè sont confrontés.
C'est pour cela que les élections ne sont pas une fin en soi. La démocratie étant une quête perpétuelle, la vigilance de tous les instants va demeurer pour rappeler continuellement aux dirigeants leurs engagements, leurs promesses, leurs devoirs vis-à-vis du peuple. Une démocratie participative, une participation citoyenne, des citoyens éclairés, des gouvernants responsables et redevables c'est ce dont le Burkina a besoin pour amorcer un véritable développement dont profiteront avant tout les populations les plus vulnérables." http://demain2015.blogspot.com/…/je-vote-et-je-reste-vigila…
Le 1er décembre 2015 au lendemain de l'élection de Roch Marc Christian Kaboré, nous invitions le nouveau président à se mettre au travail en précisant que "nous serons sans doute obligés de faire abstraction des liaisons dangereuses antérieures et des préjugés qui collent à la peau du prochain locataire de Kosyam en vue d'escompter un "New Deal" avec le peuple.
En tout état de cause, tous, nous demeurons des sentinelles pour une gouvernance vertueuse et productrice de richesses au bénéfice des populations." http://demain2015.blogspot.com/…/au-travail-monsieur-le-pre…
Alors lorsque 5 mois après nous critiquons la gestion du nouveau régime, nous sommes exactement dans le rôle que nous avions indiqué tantôt.
Alors lorsqu'on entend des gens conseiller au président de se concentrer exclusivement sur les questions économiques, l'emploi, la santé publique, les pénuries d'eau, les délestages, l'école publique, etc. qu'ils définissent comme les vraies priorités des burkinabé, on est inquiets.
Ces gens-là demandent au président de se démarquer des questions liées à la justice parce qu'il y aurait des personnes de mauvaise foi qui l'accusent d'instrumentaliser les magistrats en vue d'obtenir l'impunité pour certains gros bonnets compromis dans des affaires au sommet de l’État.
Ces gens-là devraient relire la constitution qui stipule que "le Président du Faso est garant de l'indépendance du pouvoir judiciaire."
Ces gens sont de très mauvais conseillers parce qu'il n'y a aucune dignité dans l'injustice. L'arbitraire est d'ailleurs l'une des raisons qui ont amené le président Roch et quelques uns de ces compagnons à quitter le CDP. Ventre plein est juste une mise en train pour revendiquer plus de droits et d'égalité.
Pour le commun des burkinabè, le président est le visage de l'exécutif, "l'homme fort" du pays, celui qui donne les ordres. Le président parle à la télé, il visite, il inaugure, il reçoit ... Le président est celui qui est acclamé lorsque le gouvernement réussi une prouesse mais aussi celui qui est haï lorsque les conditions de vie deviennent insupportables.
La justice par contre n'a pas de visage. La justice, c'est le juge anonyme qui ne fait pas de déclaration. La séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice ne signifient pas grand chose pour le commun des burkinabè sinon 95% (selon le président du Faso) ne seraient pas solidaires des koglweogo. Ainsi si un problème judiciaire grave survient, si les dossiers n'aboutissent pas c'est le président qui sera naturellement accusé, c'est aussi simple que ça.
Le directeur de la justice militaire a déclaré que les juges d'instruction militaires vont se conformer aux dispositions de l’article 130 du code de procédure pénale pour reprendre des mandats d'arrêt. Si même des magistrats qui connaissent normalement la loi mais se trompent et ne peuvent éviter des vices de procédures, qu'en sera-t-il des Koglweogo dont l'on veut faire des auxiliaires de justice?
Lorsque la justice va libérer systématiquement pour vice de procédures les délinquants que Koglweogo va capturer et leur présenter, vous pensez que les répercussions vont se limiter aux palais de justice? C'est tout l'exécutif (du président du Faso au préfet départemental en passant par les ministres, gouverneurs ...) qui sera ébranlé comme lorsque les Koglweogo avaient bloqué les routes nationales afin d'obtenir la libération de leurs camarades déférés pour enlèvement, séquestration et actes de torture.
Pour parler simplement, si la justice n'est pas indépendante et ne dit pas le droit, le mandat de Roch Kaboré sera un échec.
Alors lorsque nous interpellons les autorités ce n'est pas parce que nous avons la critique facile ou que nous cherchons à déstabiliser le pouvoir. Ce n'est parce que nous n'aimons pas le président.
Et ce n'est pas non plus parce que nous aimons le président que nous disons qu'il ne doit pas échouer.
Roch Kaboré ne doit pas échouer parce que cela signifierait plus de souffrance pour les populations.
Parce que le président du Faso a prêté serment de la sorte: "Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso."
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