lundi 2 décembre 2013

COMMUNICATION POLITIQUE AU BURKINA FASO


La confiance qu’ont les citoyens d’un pays en leurs dirigeants est essentielle pour la stabilité sociale. Pourtant le mensonge actif ou par omission est un outil habituel de la gouvernance politique. Aucun gouvernement, dans aucun type de régime, ne peut prospérer dans la transparence et la sincérité. Contrôler l’information devient alors vital pour la survie du système. Dans un pays sous développé tel que le Burkina Faso, les offices publics de radio/télédiffusion et les agences officielles d’information constituent les organes dédiés à la propagande d’Etat et à la manipulation de l’opinion publique.

Les stratégies et les techniques couramment employées font appel à des affirmations dégagées de tout raisonnement et de toute preuve et l’intensité de ces affirmations est un moyen sûr de les faire pénétrer dans l’esprit des masses. Par exemple : le sénat est une recommandation consensuelle du CCRP, le Sénat va renforcer la démocratie au Burkina Faso, le Sénat va créer des emplois …

Le pouvoir politique a tendance également à détourner l’attention du public ou à déplacer certains problèmes : Par exemple pousser les étudiants à la révolte, réprimer, emprisonner de sorte à ce que «Non au Sénat» se transforme en «Libérez les étudiants». Autre exemple : A la suite d’une grève légale, on licencie un agent de santé pour que «On veut une augmentation de salaire» se transforme en «Réintégrez notre collègue dans la fonction publique». MAGIE! MAGIE ! : C’est ce que l’on appelle l’«État illusionniste».




L’ensemble de la population habite ainsi un environnement rempli de stéréotypes et de superstitions (rappelez-vous la psychose à Bobo-Dioulasso en début d'années 2013 et qui a conduit à la pénurie de tamarin):

- Il est interdit de faire ceci ou cela au risque de s’attirer des malédictions.
- Il faut se soumettre à l’autorité. Ton fils a été écrasé par un chauffard, c’est la volonté de Dieu.
- Le Bissa est mesquin.
- Le Peulh est avare.
- Les filles de Bobo ont la cuisse légère.
- Le Mossi est un féodal.
- La démocratie ne peut pas fonctionner dans nos pays. …

L’individu vit alors dans une réalité déformée ou simplifiée à l’extrême. Dès lors, il est facile en agissant sur ces symboles et ces stéréotypes (et donc les consciences) de fabriquer totalement une opinion publique en usant des méthodes de psychologie et de communication de masse. Cela permet de maintenir un consensus social, le statut quo nécessaire à l’exercice d’un pouvoir autocratique.

 
«Le peuple burkinabè nous a élus, nous avons la majorité … grâce à nous, il y a la paix et la stabilité au Burkina … les étudiants sont des voyous … les agents de santé laissent les patients mourir… l’opposition n’a pas le monopole de la violence … les syndicats de journalistes mentent …» : C’est ce que l’on appelle le symbolisme politique par suggestion.
 
Le maniement habile de l’illusionnisme politique et du symbolisme politique est une des caractéristiques de l’État burkinabè et vise à entretenir la légitimité du pouvoir par le biais de la communication de masse.




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