Schématiquement, pour faire un feu, il
faut un combustible (par exemple essence, charbon, gaz …), un comburant (air,
oxygène…) et un pyromane avec une étincelle pour faire démarrer la réaction chimique de combustion.
Appliqué à une société humaine cela
donne:
- Le feu (guerre, massacres, attentats, pillage, incendies, lynchages, famine, épidémies…)
- Un combustible (population civile et armée)
- Un comburant (environnement socio-politico-économique catastrophique)
- Un pyromane (dictateur) avec une étincelle (refus de l’alternance)
- Les cendres (morts, blessés, orphelins, veuves, refugiés …)
On constate qu’au Burkina Faso, le combustible
existe en la personne des burkinabè lambda faiblement alphabétisés, pour la
plupart très superstitieux et faisant preuve de peu de civisme et d’esprit citoyen.
L’armée est omniprésente dans la gestion de l’Etat mais reste divisée entre l’armée
régulière et le régiment de sécurité présidentiel. Pour le moment, le
combustible est dans un état d’équilibre instable.
Le pyromane est Blaise Compaoré avec le CDP et la FEDAP/BC. L’étincelle se résume
à la révision de l’article 37 de la constitution et la mise en place du Sénat.
Eventuellement des assassinats politiques, les fraudes électorales et la répression
des manifestants dans un futur proche. Ici, pas de suspense
puisque le pyromane est connu pour ses antécédents.
Le comburant semble dans notre cas l’élément capital pour déclencher un
cycle d’instabilité au Burkina Faso.
Analysons ses composantes :
- La dictature est réelle mais soft parce que le régime tient à cœur de donner une image fréquentable à l’opinion publique internationale. Dès lors il est obligé de modérer l’usage de la force et de la brutalité dans l’espace public. Les milices privées et les activistes de tous bords n’ont pas encore atteint un niveau de nuisance suffisant pouvant conduire à l’anarchie contrairement au cas du Liberia, de la Somalie, de la Libye…
- Absence de consensus politique : Réel mais pas déterminant.
- Injustice sociale : Réel mais pas déterminant.
- Institutions publiques corrompues : Réel mais pas déterminant.
- Divisions ethniques : insignifiantes contrairement au cas du Rwanda, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée Conakry, du Mali ou du Togo.
- Dissensions religieuses: négligeables contrairement au cas du Nigeria, du Soudan, de la Centrafrique,
- Intérêt des puissances étrangères : Les interférences extérieures sont le plus souvent motivées par des intérêts économique ou géostratégiques ou simplement idéologiques. Dans notre cas, ni la France ni les USA n’ont intérêt à ce que le Burkina Faso soit agité. Le principal motif de soutien au régime est sa servitude et sa loyauté dans un environnement de stabilité. Ils préféreront lâcher le régime illégitime en cas de début de troubles. Il n’y a non plus aucune raison particulière de craindre l’avènement d’une rébellion armée parce que les pays voisins pour le moment n’ont pas d’intérêt à servir de base arrière.
Conclusion :
L’instabilité cesse ou ne se déclenche dans un environnement
socio-politico-économique favorable au développement et à la dignité humaine. Les
conditions objectives sont en train de se réunir au Burkina Faso pour démontrer
au monde que l’on peut « oser inventer l’avenir ». Et puis, il y a quelques
pays à côté de nous où les choses se passent plutôt bien: Benin, Ghana, Sénégal
… Quelques rares exemples certes….
Nous
avons besoin qu’émerge une conscience citoyenne et une société civile
responsable pour barrer la route à toute velléité de tripatouillage
constitutionnel. Nous avons besoin que les religieux et les coutumiers se
tiennent éloignés de la sphère politique. Et nous avons besoin de la bénédiction
des puissances étrangères fauteurs de troubles (sic).
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