mercredi 15 avril 2015

BALLE A TERRE, LES ÉTATS-UNIS ONT JUSTE BESOIN D’EXPLICATIONS

Dans la déclaration à la presse de la porte-parole du département d’État américain, Marie Harf, portant sur le nouveau code électoral , nous pouvons lire les éléments suivants:
1 - "Les États-Unis sont préoccupés ..."
Cela signifie simplement que les États-Unis ne comprennent pas. Ils ne comprennent pas parce que d'une part notre culture leur est lointaine et d'autre part parce que même eux ont été pris au dépourvu par l'insurrection populaire du 30 octobre 2014. C'est une situation tout à fait inédite pour eux:
Comment peut-on chasser un régime vieux de 27 ans sans bain de sang, sans survenue d'une crise sociopolitique grave?
Comment est-il possible qu'il n'y ait pratiquement aucune ingérence extérieure dans la conduite de la transition?
Les casques bleus ne sont pas là?
Tout ce que le Burkina Faso demande c'est de l'argent pour organiser les élections?
Les États-Unis ne comprennent pas parce qu'ils sont habitués aux scénarios chaotiques à la Irak, Libye, Syrie ...
"Les États-Unis sont préoccupés ..." parce qu'ils n'ont pas, comme d'habitude, le contrôle de la situation.
2 - "Les modifications apportées au code électoral semblent être incompatibles avec les principes démocratiques de la liberté d’expression, d’association, de liberté, d’équité, et des élections pacifiques."
Les États-Unis ne disent pas que les modifications SONT incompatibles, mais SEMBLENT être incompatibles. Il y a une grande différence.
Encore une fois, les États-Unis ne comprennent pas. Ils n'ont pas une lecture claire de la situation. Ils se posent des questions surtout que des gens comme Djibrill Bassolé vocifèrent sur les médias internationaux et que quelques dizaines de manifestants ont tenté d'empêcher le vote de la loi par le CNT.
3 - "Nous exhortons le gouvernement de transition, la société civile et d’autres acteurs à utiliser une approche coordonnée, consensuelle et inclusive dans la conduite des élections."
Clairement, les États-Unis ont pris acte de la modification apportée au code électoral et souhaitent à présent que les élections se déroulent dans l'apaisement.
Ce message est aussi directement adressé au premier ministre Zida qui doit séjourner aux États-Unis. Il doit comprendre en langage diplomatique quelles sont les "termes de référence" de sa visite.
Ça c'est l'interprétation soft.
L'interprétation hardcore (à laquelle je ne crois pas personnellement) c'est que les États-Unis sont dans une logique d'ingérence pour imposer un candidat en vue de perpétuer le système de prédation de nos ressources au profit du grand capital. Il est vrai que ce pays n'a pas d'amis et tient à jour une longue liste d’États sous embargo parce que pas assez dociles.
Mais franchement, si les États-Unis se gênent de sanctionner des pays comme l'Arabie Saoudite qui ont une des législations les plus liberticides (au sens occidental) au monde (l'homosexualité par exemple y est sévèrement réprimée), ce n'est pas notre petit pays qui va être martyrisé à cause d'une petite loi soutenue massivement par la majorité.
Pour le moment les principaux leviers du pouvoir au Burkina sont verrouillés par les insurgés. Du reste, la loi ne peux pas être abrogée parce que sinon nous ne serons jamais dans les délais communautaires pour tenir les élections le 11 octobre 2015.
Les États-Unis n'ont pas d'amis, mais ils n'ont aucun intérêt à faire de nous un ennemi.

15 avril
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