jeudi 10 septembre 2015

ISLAM AU BURKINA : LA JOURNÉE CONTINUE EST UN FAUX PROBLÈME, LA MAUVAISE ORGANISATION DU HADJ EST UN VRAI PROBLÈME.


L’année dernière comme les années antérieures, des dizaines de burkinabè inscrits pour le pèlerinage à la Mecque n’ont pas pu honorer leur obligation religieuse malgré qu’ils avaient déboursé les sommes nécessaires. Ils ont été simplement grugés et jusqu’à la dernière minute on leur a fait croire que le voyage pouvait être possible.
Cette année encore pour le Hadj 2015, d’importants dysfonctionnements sont constatés.
Aujourd’hui 10 septembre 2015 à 13h 45, lorsqu’à partir de Ouagadougou, le premier vol décollera, il laissera derrière lui des dizaines de personnes désabusés et meurtries dans l’âme.
Récit : Dès mai 2015, le représentant de l’agence de voyage agréé Sana Voyages à Bobo-Dioulasso avait rassuré une famille qu'il y avait toujours des places disponibles. Sur cette base, le montant de 1 810 000 FCFA représentant les frais liés au pèlerinage de la maman a été payé intégralement en plus du coût du passeport qui se monte à 52 000 FCFA. Entre temps l'agence informe la famille du fait que le gouvernement a procédé à une augmentation de 320 000 FCFA sur les frais. Ce complément a également été payé. A la fin du mois d’aout, l’agence informe de nouveau la famille que tous ceux qui ont payé ne pourraient finalement pas effectuer le voyage parce que le gouvernement aurait détourné des visas. Toutefois, assurance était donné que la maman est bel et bien enregistrée sur le deuxième vol.
Coup de théâtre, hier seulement 9 septembre 2015, l’agence revient avec une autre version selon laquelle la maman est sur la liste d’attente. La famille vérifie la liste établie par le secrétariat permanent et se rend compte que le nom de la maman n’y figure pas. Joint d’urgence au téléphone, le représentant de Sana Voyages explique que c’est encore un coup du gouvernement qui aurait une fois de plus, comme chaque année, substitué des noms sur leurs listes.
De nombreuses autres personnes ont fait les frais de cette mafia organisée et ceci s’appelle de l’arnaque, de l’escroquerie, de l’abus de confiance. Il n’y a pas d’autres termes.
L’argent ne sera vraisemblablement pas restitué et sera gardé par devers les responsables de la fraude qui l’année prochaine, exigeront de nouveaux compléments sans proposer aucun dédommagement. Et cette tromperie est planifiée et mise en exécution impunément sur le dos des pèlerins depuis de longues années.
Au-delà du préjudice financier, le préjudice psychologique est lourd de conséquences. C’est l’espérance de toute une vie d’attente de ce moment décisif dans la vie de tout musulman qui se transforme en cauchemar : la famille est dégoûtée, le voisinage est consterné, la mosquée où l’annonce du départ a été faite est choquée, les parents venus du village pour accompagner la chère maman sont affligés. Et par-dessus tout, cette dernière pourrait en sortir déprimée.
L’on se rappelle qu’en 2011, Madi Ouédraogo, directeur général de STMB Tours, qui avait obtenu le contrat pour le transport des pèlerins du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, avait fini dans une prison ivoirienne pour moins que ça. Il lui était reproché de n’avoir pas pu assurer le déplacement de tous les candidats ivoiriens au Hadj en terre sainte de l’Islam. On se serait attendu à ce que, puisque plus rien ne doit être comme avant, que les associations de défense des droits des musulmans et de promotion de l’islam montent au créneau et appellent à ce que la rigueur de la loi s’applique aux organisateurs indélicats.
C’est dans ce contexte que le Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) a interpelé dans une lettre ouverte le Premier ministre sur l’aménagement du temps de travail de la journée du vendredi au Burkina Faso afin de permettre aux musulmans fonctionnaires de participer à la grande prière du vendredi.
Ce qui somme toute est logique et appréciable.
Par contre, lorsque le CERFI "proteste contre cette gestion sélective des préoccupations confessionnelles et tient le gouvernement pour responsable de la dégradation éventuelle du vivre ensemble qui pourrait en découler", on reste dubitatif.
Forçant le trait maladroitement, le CERFI met en garde le gouvernement sur le danger qu’il fait courir au Burkina en renforçant la conviction populaire que les autorités de la transition ont une préférence religieuse. http://www.lefaso.net/spip.php?article66763
On peut affirmer que le CERFI nage ici dans des eaux troubles et pose un faux problème.
Le Burkina n’a pas inventé la journée continue. Le Burkina s’est inspiré de l’expérience du Mali, pays à majorité musulmane, qui l’a instauré depuis 2010 (7h30 à 15h30 avec une pause de 30 minutes). Avant le Mali, le Sénégal, autre pays à majorité musulmane avec journée continue instaurée depuis 1991, depuis donc 24 ans. Le Ghana aussi ainsi que la Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011 (7h30 à 12h30 et 13h30 à 16h30). Au Gabon, la mesure est en vigueur depuis le 1er janvier 2010 et valable de 7h30 à 15h30 avec une pause de 30 minutes, selon un rythme approprié de roulement entre 11H30 et 13H30.
Alors où est le problème crucial des musulmans du Burkina avec la journée continue ?
N’en rajoutons pas aux frasques identitaires de Ablassé Ouedraogo qui plaidait il n’y a pas longtemps pour une dérogation au vote des pèlerins absents au cours de la période électorale ou encore Djibril Bassolé qui lui, est prêt à livrer aux petro monarchies du golfe la laïcité chère au Burkina.
Les musulmans du Burkina ont bien d’autres problèmes plus importants à traiter. Arrêtons de les instrumentaliser et travaillons à apporter des réponses aux vrais problèmes.
• L’arrestation récente au Mali de cinq djihadistes dont un burkinabè est un vrai problème.
• Les affrontements récurrents entre musulmans comme récemment à Ouaregou / Garango sont un vrai problème.
• La défiance des musulmans vis-à-vis des associations islamiques et leur instrumentalisation par des politiciens est un vrai problème.
L’organisation chaotique du pèlerinage avec comme corollaire les traitements humiliants de nos pères et de nos mères est un vrai problème.
Et une provocation de trop.

10 septembre, https://web.facebook.com/ouedraogo.souleymane.Basic.Soul/posts/10207443576117672:0

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