mercredi 22 juillet 2015

LA CRISE LA PLUS LONGUE ET LA PLUS GRAVE DE NOTRE HISTOIRE ?


Dans son discours à la Nation le 10 juillet 2015, le président Kafando a indexé les " aventuriers, mus par les forces du mal, pour créer des troubles et le chaos" et une semaine plus tard, le 16 juillet 2015, le président affirmait : "Nous venons de dénouer ainsi la crise la plus longue et la plus grave de notre histoire."
La crise serait finie. La crise serait à présent derrière nous selon la parole présidentielle. Mais à aucun moment, le président ne nous a donné des éléments susceptibles de nous faire comprendre la nature de ces forces du mal encore moins les dangereux périls auxquels nous avons échappé.
Ce qui a fait dire à Zephirin Diabré, président de l'UPC que son parti regrettait "que tout au long de cette crise, les informations précises relatives aux éléments déclencheurs du conflit n’aient jamais été communiquées de manière formelle aux partis politiques, laissant ces derniers, premiers acteurs de l’insurrection populaire, à se fier aux journaux, aux fuites organisées des rapports d’audition, et aux rumeurs de tout genre pour se faire une compréhension exacte de la situation." http://burkina24.com/…/burkina-lupc-appelle-larmee-a-respe…/
Certains observateurs de la scène politique ne sont ni satisfaits ni convaincus de l'épilogue de cette crise et estiment que Kafando n'a fait que déplacer le problème pour en retarder autant que possible le véritable dénouement qui devrait être forcement sanglant selon un journaliste bien introduit dans les cercles politiques.
Le président Kafando bien qu'étant de bonne volonté avec le souci de faire au mieux pour l'intérêt supérieur de la Nation doit être critiqué sur ses méthodes.
Les grands dirigeants font peu cas d'exorcisme ou d'incantation avec des formules manichéennes faisant référence aux "forces du mal".
Les grands dirigeants s'en ouvrent au peuple, tranchent dans le vif et assument. Ils ne s'approprient pas les problèmes. Ils les mettent sur la table de sorte à les régler par des mécanismes réguliers, transparents et fédérateurs.
Kafando n'entrera pas dans l'histoire comme un grand dirigeant volontariste, rassembleur et courageux. Et cela se comprend aisément compte tenu des conditions dans lesquels il est arrivé au pouvoir complètement déconnecté de la réalité et de l'esprit de l'insurrection populaire.
Voici un pays qui n'a ni Ministre de la Défense, ni Ministre de la Sécurité à la veille de très importants scrutins électoraux. Personne de raisonnable ne peut se sentir rassuré de l'endossement par notre vieux retraité de telles charges.
Le président Kafando est non seulement un otage de luxe du RSP qui lui a foutu la frayeur de sa vie le 30 décembre 2014 lorsque les soldats du camp Naaba Koom sont venus chercher son premier ministre en pleine salle de conseil lui intimant l'ordre de rester assis. (Source : NAB http://www.burkinaonline.com/index2.php?var=10025)
Comprenez qu'à présent et jusqu'aux élections, le président Kafando est isolé au palais de Kosyam au milieu des services du RSP qui filtrent tout ce qui entre et ce qui sort : documents, visiteurs, appels, internet ...
Les communications de Kafando sont contrôlées par les services de renseignement du RSP et ses décisions seront forcement orientées.
Beaucoup se sont moqué de cette phrase de Kafando : "Nous venons de dénouer ainsi la crise la plus longue et la plus grave de notre histoire." Ils croient que Kafando voulait dramatiser en se donnant le beau rôle pour avoir résolu une crise particulièrement dangereuse.
Mais Kafando n'avait pas tort.
La crise a été longue car elle date du 30 octobre 2014.
La crise était grave parce que nous avons failli assister à la confrontation armée entre le RSP et des garnisons de l'intérieur du pays qui étaient préparées à descendre sur Ouaga au cas ou le RSP mettait à exécution son plan qui consistait à perpétrer un coup d’État dès le dimanche 28 juin dernier et à prendre le premier ministère et le CNT (le RSP occupe déjà la présidence).
Sans cette résistance venue de l'intérieur du pays motivée par la présence au CNT d'officiers appartenant à des régiments prêts à défendre leur chefs, la transition sous sa forme actuelle était bel et bien finie.
Et cette résistance a obligé le général Diendéré à ouvrir des négociations.
Voilà ce que le président Kafando n'a pas pu nous dire.
Voilà ce que le président Kafando affirme avoir épargné au Burkina.
A présent, il faut croire, espérer, souhaiter que "nous venons de dénouer ainsi la crise la plus longue et la plus grave de notre histoire."
Il faut croire le président sur parole même s'il n'a pas jugé utile de rendre public le rapport du Cadre de concertation de sages formalisé de façon permanente par un décret le 15 juillet dernier.
Comme dirait un cacique de l'ancien régime, "Blaise Compaoré lui au moins rendait toujours publics les rapports des commissions, comités et cadres qu'il instituait."
Même s'il se torchait avec par la suite.

22 juillet, https://www.facebook.com/ouedraogo.souleymane.Basic.Soul/posts/10207018944302142:0

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